En plein combat contre un cancer du poumon qui s'est étendu à ses nerfs auditifs, le pompier Martin Salois se considère comme « relativement chanceux » dans les circonstances. Même si sa situation pose toutes sortes de complications pour les trois municipalités qui l'ont employé au fil des ans, il n'a pas eu à s'obstiner longtemps pour faire reconnaître son cancer comme une maladie professionnelle.

Il a reçu son diagnostic en novembre 2016, et son cas a été reconnu par la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) dès le début de 2017. « Il restait un litige au niveau des villes, qui ne s'entendaient pas sur le niveau de responsabilité de chacune, mais on m'a dit : "Ne vous inquiétez pas, c'est pas votre problème, on reconnaît votre maladie professionnelle, maintenant, on veut que vous preniez soin de vous" », explique le père de famille, joint au téléphone hier soir, alors qu'il assistait à un entraînement de jiu-jitsu de son fils.

Comme beaucoup d'autres pompiers, M. Salois a commencé sa carrière en cumulant les horaires à temps partiel dans différentes casernes. « J'ai travaillé à Chambly, puis j'ai chevauché deux emplois à Saint-Jean-sur-Richelieu et Montréal pendant deux ans. » 

« C'est la nouvelle réalité des pompiers au Québec, le temps partiel. Alors quand des problématiques comme la mienne surviennent, ça devient compliqué », dit-il.

« Aux dernières nouvelles, la Ville de Chambly s'obstinait pour le partage des responsabilités, mais on me dit que ça ne me regarde pas, ajoute-t-il. C'est un gros poids de moins sur mes épaules. Je n'ai pas à me battre pour les sous, je n'ai qu'à me soucier de mon bien-être. »

« JE NE VEUX PAS ME PLAINDRE »

Sur 22 000 pompiers au Québec, 18 000 travaillent à temps partiel, surtout dans les régions éloignées. Leurs risques d'exposition à des foyers d'incendie sont considérablement moins élevés que ceux de Montréal et des grandes villes, qui répondent à un plus grand nombre d'alertes. En contrepartie, la CNESST doit tenir compte du fait que les équipes en région, plus restreintes, ont plus de risques de se retrouver au coeur d'un brasier lorsqu'un incendie se déclare.

Temps partiel ou temps plein, Martin Salois assure ne s'être jamais posé la question. « Quand j'arrivais sur un feu, j'ai toujours foncé droit devant sans hésiter. Je faisais simplement mon devoir », dit-il.

Malgré des traitements en Europe et au Québec, la chimiothérapie a considérablement ébranlé sa santé. 

« J'ai souvent des étourdissements, je suis toujours fatigué, j'ai des maux de coeur. Le soir, il faut que je me couche à 20 h 30 tellement que je suis fatigué », dit-il.

Ses médecins soupçonnent maintenant une complication liée à la radiologie. « La tumeur a triplé au niveau du cerveau, confie M. Salois. Je vais quand même relativement bien, mais les médecins ne comprennent pas : avec l'oedème que j'ai au cerveau, j'aurais dû commencer à me plaindre il y a longtemps. Mais moi, je ne veux pas me plaindre. Dans ma tête, tout ça n'est qu'un détour. »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Malgré des traitements en Europe et au Québec, la chimiothérapie a considérablement ébranlé la santé de Martin Salois.