Les 15 villes liées à Montréal en ont assez de «servir de vache à lait» pour la métropole. Incapables de modifier le budget 2018 de l'administration Plante-Dorais, les maires de banlieue ont quitté en bloc le conseil d'agglomération pour demander au gouvernement une révision de son fonctionnement.

Après le conseil municipal hier, c'était au tour aujourd'hui du conseil d'agglomération de se prononcer sur le tout premier budget de l'administration Plante-Dorais. Confrontées à une hausse de leur quote-part de 5,3%, les 15 villes liées ont voté contre, ce qui s'est néanmoins avéré insuffisant pour en bloquer l'adoption.

Leur contribution à l'agglomération représentant la moitié de leurs dépenses, les villes liées ont dû puiser dans leurs réserves pour éviter l'explosion du compte de taxes de leurs citoyens. «On a été obligés de puiser dans nos fonds de prévoyance, exactement comme si villes se trouvaient devant un cas de force majeure ou une catastrophe naturelle», a déploré Beny Masella, maire de Montréal-Ouest.

Après le vote sur le budget d'agglomération, les maires des villes liées se sont levés en bloc pour quitter la salle du conseil, laissant les élus montréalais seuls pour voter sur le reste des décisions à l'ordre du jour. En point de presse, les villes liées ont néanmoins précisé qu'elles ne claquaient pas définitivement la porte à au conseil d'agglomération. «Mais on avait un message à passer sur le budget», a dit Georges Bourelle, maire de Beaconsfield.

Ces élus demandent maintenant au ministre Martin Coiteux, responsable de la métropole et des Affaires municipales, de revoir le fonctionnement de l'agglomération. Ils réclament une meilleure représentation afin notamment d'être consultés lors de la confection du budget. «Assez c'est assez, il faut changer la façon de faire les choses», a dit Maria Tutino, mairesse de Baie-d'Urfé.

Alors que le premier ministre Philippe Couillard affirme ne pas vouloir se mêler de la gestion de Montréal, les villes de banlieue voient la chose d'un autre oeil. «Les agglomérations ont été créées par le gouvernement. Si vous êtes en mesure de créer quelque chose, vous êtres en mesure de le changer», a lancé Georges Bourelle.

Durant la séance, Valérie Plante a tenté de faire amende honorable en reconnaissant que son administration avait connu des ratées. «Je concède qu'en marge du dépôt du budget, nos relations ont été mises à mal en raison d'un problème de communication, largement de notre part. Pas uniquement, mais largement», a dit Valérie Plante. Elle s'est engagée à ce que ces «problèmes inacceptables» ne se reproduisent plus.

Le président du comité exécutif, Benoit Dorais, a aussi promis de consulter les villes liées davantage dans la préparation du prochain budget. «Nous vous mettrons dans le bain plus rapidement.»

Benoit Dorais a toutefois tenu à rectifier certaines critiques des villes liées. «Ce n'est pas un budget inflationniste», a-t-il assuré, justifiant la hausse des dépenses de Montréal par de nouvelles responsabilités confiées par Québec ainsi que la décision de ne plus reporter le paiement des déficits des régimes de retraite.

Ces explications n'ont pas calmé les villes de banlieue. «Les chiffres restent les chiffres. Quand on présente un budget en hausse de 5,3% et que l'inflation est de 1,7%, c'est trois fois l'inflation», a lancé Georges Bourelle.

Quinze villes ont défusionné de Montréal en 2005, mais demeurent liées au sein de l'agglomération, qui gère notamment les services de police et de lutte aux incendies, ainsi que le transport en commun. Ne comptant que 238 000 habitants, les villes liées ne disposent que de 13% des voix au conseil d'agglomération.