Après une année minée par une hausse marquée des arrêts de service, la Société de transport de Montréal (STM) prévoit augmenter la surveillance sur les quais du métro afin de réduire les interruptions causées par les usagers.

Les dirigeants du transporteur montréalais présentaient, hier, leurs prévisions à l'étude du budget. Questionné par les élus, le directeur général de la STM, Luc Tremblay, a reconnu que « 2017 est une année où il y a plus d'arrêts de service ». De janvier à août, les interruptions ont bondi de 31 %. La situation s'est améliorée dans la dernière portion de l'année, mais 2017 risque malgré tout de marquer un sombre record.

Cette multiplication des interruptions serait surtout attribuable à la hausse de la fréquentation, qui a été de 4 % l'an dernier.

« Près de 50 % des arrêts de service sont dus à la clientèle. Les gens qui marchent sur la voie, échappent des choses ou retiennent les portes. »

Davantage de gens dans le métro finissent donc par entraîner plus de pannes.

Pour réduire les incidents, la STM a prévu envoyer plus d'inspecteurs et d'agents de sécurité pour surveiller les quais. Les employés d'entretien ont aussi été formés pour intervenir auprès des clients afin de les inviter à se tenir loin du bord des quais, diminuant ainsi le risque de voir leur téléphone tomber sur les rails, s'il leur glisse des mains.

Ce renforcement a déjà commencé, la STM comptant 40 % plus de personnel sur les quais qu'il y a un an, mais leur nombre continuera à augmenter en 2018. Les nouveaux inspecteurs et agents n'auront pas pour mandat de donner des contraventions pour forcer les gens à garder leurs distances. « On n'ira pas jusque-là parce que ça passe par de la sensibilisation dans un premier temps », a estimé Luc Tremblay.

VASTE CAMPAGNE PUBLICITAIRE

D'ailleurs, la STM a décidé de revoir sa stratégie pour sensibiliser sa clientèle à ses conséquences sur les arrêts de service. Après avoir longtemps compté sur des affiches, le transporteur misera plutôt sur une vaste campagne publicitaire à la radio et à la télévision.

« De cette ampleur, c'est une première. On a fait beaucoup de sensibilisation dans le métro par des affiches, mais les gens sont un peu dans leur bulle, c'est difficile d'attirer leur attention. On regarde d'autres moyens de les sensibiliser », a indiqué M. Tremblay.

Cette campagne est d'autant plus importante que la STM a noté une augmentation, ces derniers jours, de l'achalandage en raison des difficultés avec les trains de banlieue. Plusieurs usagers ont décidé de se rabattre sur le métro.

« Un train, ça charge beaucoup de personnes et, quand il y a des problèmes, les gens changent leur comportement, et le métro est une alternative de choix. Dans les derniers jours, oui, il y a de l'achalandage supplémentaire. »

Outre la clientèle, la STM reconnaît que son équipement accuse le coup de son âge. Malgré l'arrivée des trains Azur, les wagons MR-73 demeurent les principaux véhicules en service. Or, ceux-ci ont plus de 40 ans. L'augmentation du service exerce ainsi une pression importante et provoque une hausse du nombre de bris sur ceux-ci.

L'arrivée des Azur a aussi compliqué la donne, en entraînant une hausse des erreurs humaines. « Nos opérateurs doivent parfois conduire trois types de matériel [MR-63, MR-73 et Azur] dans une même journée, alors il y a eu des erreurs humaines, c'est certain », a reconnu M. Tremblay.

LA BLEUE D'ABORD

La STM dit avoir commencé à prendre en compte le projet de ligne rose que la mairesse Valérie Plante souhaite aménager à Montréal, mais le transporteur affirme néanmoins concentrer ses énergies pour le moment sur le prolongement de la ligne bleue. Questionné par un élu sur les démarches entreprises pour cette promesse de campagne, le transporteur a indiqué que des études devraient être lancées prochainement pour préparer le dossier. « Mais on se concentre sur la ligne bleue. On n'a jamais été si près. C'est encourageant », a dit le directeur général de la STM, Luc Tremblay. Mais alors que les annonces sur la ligne bleue se multiplient depuis 20 ans, le président de la STM, Philippe Schnobb, assure que « là, c'est vrai ». Il faut dire que la veille, le premier ministre Philippe Couillard a dit vouloir lancer le projet d'ici l'été.

ACCESSIBILITÉ UNIVERSELLE

Le transporteur montréalais dit vouloir accélérer son programme pour rendre son réseau de métro accessible universellement. En 2018, des travaux auront lieu à cinq stations pour ajouter un ascenseur, le plus grand nombre de chantiers jamais entrepris par la STM dans ce dossier. À l'heure actuelle, 13 des 68 stations de métro sont accessibles universellement. D'ici 2025, on compte en aligner 41. Il faut de deux à trois ans pour aménager un ascenseur, selon la configuration de la station.

REFONTE DU RÉSEAU DE BUS

La STM affirme également qu'elle profitera de 2018 pour revoir l'ensemble de ses lignes d'autobus et effectuer une refonte de son réseau de surface. Le prolongement de la ligne bleue, qui deviendra une réalité sous peu, l'aménagement du Réseau électrique métropolitain et l'ajout de 300 autobus hybrides incitent le transporteur montréalais à revoir son offre de service. Du jamais vu depuis au moins 25 ans, la STM prévoir analyser l'ensemble de ses lignes d'autobus. « Ça ne veut pas dire que tout va changer, mais on se donne la responsabilité de tout regarder », a dit Luc Tremblay. Une vaste consultation sera menée tout au long de 2018 dans le cadre de cet exercice.