Publiée sur la page Facebook « Spotted : STM », une vidéo montre un coyote de couleur caramel qui gambade tout près du boulevard Saint-Michel, dans l'arrondissement de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension, visiblement peu inquiétée par la présence de voitures.

« Pour un coyote, c'en est un gros. Il ne manque pas de bouffe », lance le trappeur Sylvain Lévesque, qui connaît bien la bête pour en avoir capturé quelques spécimens dans les municipalités de l'ouest de l'île de Montréal.

Normalement très peureux de nature, les coyotes sont de plus en plus nombreux sur l'île de Montréal. Aucun programme de suivi systématique ne permet d'en connaître la population exacte, mais leur présence est régulièrement signalée dans l'arrondissement d'Ahuntsic-Cartierville et dans le secteur du Complexe environnemental Saint-Michel, tout près de l'endroit où la vidéo a été filmée.

« Il y en a de plus en plus. Leur prolifération est en partie due au fait qu'il y a de moins en moins de trappeurs en banlieue, alors leur présence s'étend. Ils traversent les ponts ou les rivières gelées pour gagner la ville. Ils suivent les rongeurs, dont ils se nourrissent, et on les trouve souvent là où sont les poubelles », précise le trappeur Yannick Malette, membre de l'Association des trappeurs Montréal/Laval/Montérégie.

« Ce ne sont pas des animaux dangereux, même en meute. Le gros problème, c'est que les gens les nourrissent en pensant que ce sont des chiens. Ils ont tout le temps l'air d'avoir faim. Or, non seulement ils ne sont pas capables de digérer la nourriture des humains, mais les habituer à s'alimenter aussi facilement crée des carences. Et quand ils sont en manque de nourriture, ça éveille leur instinct de survie. C'est là qu'ils peuvent devenir agressifs et éventuellement mordre. »

L'été dernier, après avoir reçu des plaintes à propos de coyotes, la Ville de Montréal a dû embaucher des trappeurs pour les capturer à différents endroits. À la mi-octobre, 16 individus avaient été attrapés. Du nombre, dix ont été relocalisés en banlieue, alors que six ont été euthanasiés.

« Il y a très, très peu de cas de morsures documentés. Quand ça arrive, c'est parce qu'ils s'attendent à être nourris à la main par des êtres humains », affirme Alanna Devine, directrice de la défense des animaux à la SPCA.

La solution à leur prolifération n'est pas simple pour autant. Dans plusieurs villes aux États-Unis, les chasseurs sont autorisés à les abattre avec des armes à feu. Mais les études scientifiques récentes ont dévoilé que plus les clans sont décimés, plus les femelles ont tendance à avoir de grosses portées. 

« Les attraper, que ce soit pour les tuer ou pour les déplacer, ne réduit pas la population. Il faut apprendre à cohabiter avec eux. »

La SPCA croit d'ailleurs que la présence des coyotes peut être bénéfique pour l'équilibre écologique des villes, puisqu'ils se nourrissent de rongeurs et de petits animaux moins désirables.

Le trappeur Sylvain Lévesque, lui, n'est pas du même avis et refuse de les relocaliser lorsqu'il en capture. « Ça ne fait que déplacer le problème. Ce ne sont pas des toutous. On a l'obligation de les tuer. Ce sont des animaux qui, en couple, peuvent tuer un gros chevreuil de 250 livres. Éventuellement, ils vont tuer des enfants. Je suis vraiment inquiet. Je ne veux pas être alarmiste, mais la prévention ne suffit pas », dit-il.

Son avis est loin d'être partagé par son collègue trappeur Yannick Malette. « À Montréal, c'est très rentable d'alarmer les gens avec les coyotes. Je ne suis pas prêt à dire qu'un d'eux va mordre un enfant. Mais il faut faire de la prévention. Il faut sensibiliser les gens à ne pas intervenir et à ne surtout pas les nourrir, insiste-t-il. Plus on les nourrit, plus ils ont tendance à rester, plus ils s'habituent à la présence humaine, et plus ils deviennent difficiles à capturer. »