Les villes de Laval et de Terrebonne s'apprêtent à travailler main dans la main pour faire échec à la collusion et la malversation. Les deux municipalités ont entrepris des discussions pour une possible mise en commun de l'expertise développée par le Bureau d'intégrité et d'éthique de Laval (BIEL), a appris La Presse.

Plusieurs scénarios sont envisagés. Terrebonne pourrait créer son propre bureau de l'intégrité, de l'éthique et de la protection des actifs, comme l'a promis en campagne électorale le nouveau maire Marc-André Plante, et partager avec le BIEL des ressources, de l'information, des stratégies, les coûts, ou créer un bureau mixte. Des effectifs de Terrebonne pourraient aussi se joindre au BIEL.

« Tout ça est exploratoire, mais c'est important parce que la collusion et la corruption n'ont pas de frontières », a indiqué le maire Plante.

Du côté de Laval, on plaide aussi pour un bon voisinage. « Je suis ouvert à une grande collaboration, a indiqué le maire Marc Demers. Au bout de la ligne, c'est la population qui peut en sortir gagnante. » Avec un sourire dans la voix, M. Demers ajoute : « J'ai une bonne idée d'où part Terrebonne pour être passé dans un sentier similaire. Si on peut les aider, tant mieux. »

Le BIEL a été créé en 2014, dans la foulée d'une vaste réforme de l'administration de Laval qui avait été marquée par la corruption, la fraude et l'abus de confiance pendant plus de 20 ans, sous l'ancien maire déchu Gilles Vaillancourt.

ENQUÊTE DE L'UPAC

À Terrebonne, l'ancien maire Jean-Marc Robitaille a démissionné en catastrophe à l'automne 2016 sous la pression d'une enquête appelée Médiator de l'Unité permanente anticorruption (UPAC). M. Robitaille et sa garde rapprochée sont soupçonnés d'avoir participé à un système de partage de contrats contre des bénéfices personnels. Aucune arrestation n'a eu lieu jusqu'à maintenant.

C'est dans ce contexte que Laval et Terrebonne souhaitent se serrer les coudes. Une rencontre entre les chefs de police des deux villes est prévue dans les prochains jours. Le BIEL a été l'inspiration derrière la création d'une structure consacrée à l'intégrité, au sein de la police de Saint-Jérôme ; le projet avec Terrebonne vise toutefois une collaboration plus étroite et concrète. « On est assez fiers que Laval puisse maintenant servir de modèle », affirme le chef de police de Laval, Pierre Brochet.

Ce dernier souligne que le BIEL permet d'investir dans le renseignement lié à la corruption et la collusion, comme le font les corps de police dans les dossiers de crime organisé, par exemple. Le BIEL fait aussi beaucoup de prévention. « On est la première ville au Québec à avoir un code d'éthique des fournisseurs. Le message qu'on passe aux fournisseurs, c'est : si vous voulez faire affaire avec la Ville, voici les règles du jeu », explique M. Brochet.

Le BIEL possède un budget annuel de 1 million de dollars et huit personnes y travaillent.

PHOTO ROBERT SKINNER, archives LA PRESSE

Marc-André Plante, nouveau maire de Terrebonne

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Marc Demers, maire de Laval