«La sécurité des travailleurs est notre plus grande priorité», a déclaré le ministre fédéral de l'Infrastructure, Amarjeet Sohi, mardi, quelques minutes avant de s'entretenir au téléphone avec le président du syndicat des travailleurs du chantier du nouveau pont Champlain. Ils ont convenu de se rencontrer en personne la semaine prochaine.

Le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International) avait tiré la sonnette d'alarme plus tôt dans la journée en faisant parvenir une lettre au ministre pour réclamer une réunion d'urgence. Selon lui, l'échéancier serré pour la construction du pont de 4,2 milliards de dollars est à l'origine de manquements à la sécurité.

«Présentement, il y a une pression qui s'est accentuée depuis le début projet pour essayer d'atteindre l'objectif de décembre 2018», a affirmé en entrevue le président du syndicat, Michel Trépanier.

«Les travailleurs sont extrêmement inquiets parce qu'il y a des événements récemment qui sont arrivés avec grues. On a coupé des coins ronds et ça a amené des accidents», a-t-il continué.

Le syndicat relate un incident important, survenu il y a environ trois semaines, au cours duquel une grue a presque basculé parce que le poids d'une pièce qu'elle devait soulever était mal indiqué sur les plans. La pièce était beaucoup plus lourde que prévu. Elle pesait 20 tonnes au lieu de 13 tonnes.

Il y a eu plus de peur que de mal, mais la confiance des travailleurs envers le consortium Signature sur le Saint-Laurent, qui pilote le chantier, a été ébranlée.

Cet incident s'ajoute aux réparations qu'ils doivent effectuer sur des pièces défectueuses et qui causent aussi des délais. Environ 3000 «non-conformités» - mineures et majeures - ont été détectées depuis le début des travaux.

«Malgré ce nombre incroyable-là de déficiences et de "non-conformités", l'échéance initiale est encore la cible», a déploré M. Trépanier.

Le syndicat veut discuter des options à envisager pour corriger la situation avec le ministre Sohi et le consortium, dont celles de réorganiser le travail sur le chantier ou de carrément reporter la livraison du pont.

Le ministre Sohi n'a pas voulu s'avancer mardi après-midi sur un éventuel report de l'échéance.

«Il y a eu certains enjeux liés à la grève et d'autres circonstances imprévues, a-t-il dit à sa sortie de la Chambre des communes. C'est pourquoi nous avons accéléré le calendrier de construction pour nous assurer que le pont puisse ouvrir à temps.»

Des propos «malheureux», selon le syndicat, qui rappelle que «l'échéancier ne doit pas brimer la qualité des travaux ni la santé et la sécurité des travailleurs».

Deux grèves ont touché le chantier du nouveau pont Champlain, soit celle des travailleurs de la construction en mai et celle des ingénieurs du ministère des Transports du Québec qui a suivi.

Le ministre Sohi a assuré que la sécurité des travailleurs ne serait pas compromise par le respect de la date-butoir en décembre 2018. Sa rencontre avec le syndicat pourrait avoir lieu en début de semaine prochaine.