Valérie Plante a connu son baptême du feu, hier, en assistant à sa première séance du conseil municipal en tant que mairesse de Montréal. Questionnée par un citoyen, elle s'est notamment dite favorable à un hommage à Fredy Villanueva, estimant qu'il avait été victime « d'erreurs du passé ».

« IL NE MÉRITAIT PAS DE MOURIR »

Lors de la période des questions des citoyens, Valérie Plante a été questionnée sur l'affaire Fredy Villanueva, le jeune homme tué en 2008 lors d'une intervention policière à Montréal-Nord. Invitée à commenter l'idée d'aménager une murale à la mémoire du jeune homme, la mairesse s'est dite « disposée », estimant que ce projet « a bien sa place ». En évoquant le profilage racial, Valérie Plante a indiqué qu'il faudrait tôt ou tard « nommer une situation qui se répète de différentes façons ici à Montréal, malgré la bonne volonté de tout un chacun, entre autres nos agents de police ». « Il n'en demeure pas moins que des erreurs ont été faites dans le passé et qui ont coûté la vie à un jeune homme qui ne méritait pas de mourir », a-t-elle ajouté. Cette sortie a pris par surprise la mairesse de Montréal-Nord, Christine Black. « L'équipe de Montréal-Nord est surprise de la prise de position de la mairesse Valérie Plante sur un enjeu très polarisant auprès des citoyens de Montréal-Nord et qui requiert énormément de nuance et de sensibilité », a indiqué Équipe Denis Coderre dans une déclaration écrite. Mme Black s'est dite prête à rencontrer Valérie Plante pour discuter du dossier.

DE PREMIÈRES EN PREMIÈRES

La séance d'hier a marqué plusieurs premières. D'abord, après avoir siégé pendant quatre ans dans l'opposition, Valérie Plante s'est assise officiellement pour la première fois dans le siège du maire - de la mairesse, devra-t-on dire dorénavant. Elle devient ainsi la première femme à siéger à ce poste dans l'histoire de Montréal. Enfin, Cathy Wong a été confirmée dans son poste de présidente du conseil municipal. Elle aussi est la première femme à occuper ce poste d'arbitre des débats. La rencontre a par ailleurs été d'une rare rapidité, les élus ayant réussi à vider l'ordre du jour en deux heures à peine.

SCHNOBB DEMEURE À LA TÊTE DE LA STM

Valérie Plante a beau s'être fréquemment montrée critique à l'égard de la Société de transport de Montréal (STM) ces dernières années, elle a décidé de maintenir en poste son président, Philippe Schnobb, nommé par Denis Coderre voilà quatre ans. La nouvelle mairesse dit avoir été satisfaite de ses récents échanges avec celui-ci. « On sent une énergie débordante de la part de la direction de la STM. [...] Depuis le début, j'ai dit que je n'étais pas le type de leader qui arrive et fait rouler des têtes », a-t-elle expliqué. Philippe Schnobb a remercié la mairesse pour sa confiance. « Diriger le conseil de la STM est un grand privilège, et c'est avec enthousiasme que j'entrevois l'avenir de la mobilité », a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.

ET MARVIN ROTRAND FAIT UN RETOUR

Remercié en juin dernier par Denis Coderre après 16 ans à la STM, le conseiller Marvin Rotrand a, quant à lui, récupéré un siège au conseil d'administration du transporteur montréalais. Valérie Plante a en effet décidé de redonner une place au vétéran de l'hôtel de ville. « C'est ironique : Coderre est parti, mes collègues du Canada ont reconnu mon dévouement pour les transports collectifs, et le conseil municipal me fait l'honneur de me renommer au conseil d'administration de la STM », s'est emballé l'élu. Marvin Rotrand ne récupère toutefois pas la vice-présidence du transporteur puisque la nouvelle mairesse a plutôt décidé de confier le poste à l'un de ses élus de Projet Montréal, Craig Sauvé. Ce dernier siège également au comité exécutif en tant que conseiller associé à la mobilité.

CONSEIL MUNICIPAL EN TERRITOIRE AUTOCHTONE NON CÉDÉ

Valérie Plante a indiqué qu'elle entendait poursuivre le processus de réconciliation avec les Premières Nations entrepris par son prédécesseur, Denis Coderre. La nouvelle mairesse a ainsi annoncé que chaque séance du conseil municipal s'ouvrirait désormais en précisant que Montréal se trouve en territoire autochtone non cédé. Les élus feront écho à chaque rencontre aux paroles que Denis Coderre avait pris habitude de prononcer en préambule de ses discours. « C'est un geste simple, mais qui est hautement symbolique, qui rappelle l'importance et la place des nations autochtones », a résumé Valérie Plante.

PROJET MONTRÉAL GARDE LE CONTRÔLE DES COMMISSIONS

La nouvelle administration a dévoilé la composition des commissions chargées de la conseiller dans ses orientations. Sans surprise, Projet Montréal s'est assuré le contrôle de chacune en nommant davantage de représentants de sa formation. Valérie Plante a tout de même maintenu la tradition de laisser à des opposants la présidence de certains groupes jugés « sensibles ». Ainsi, il reviendra à la mairesse de LaSalle, Manon Barbe, de présider la commission de l'Inspecteur général. Le groupe examinant l'octroi des contrats sera dirigé par Karine Boivin Roy, d'Équipe Denis Coderre, tandis que l'étude des finances revient à Richard Deschamps. L'opposition s'est dite satisfaite d'avoir sa voix à chacune des commissions, bien qu'elle aurait préféré avoir plus de sièges. Enfin, si la responsabilité de la sécurité publique lui a échappé au comité exécutif, le conseiller Alex Norris, de Projet Montréal, aura tout de même comme tâche d'assurer la présidence de la commission sur ce sujet. Notons également que l'ex-journaliste Sue Montgomery, devenue mairesse de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, a été désignée mairesse suppléante.

L'OPPOSITION SORT LES DENTS

L'opposition à l'hôtel de ville n'a pas perdu de temps pour montrer les dents, talonnant Valérie Plante sur de nombreux sujets lors de la première séance du conseil municipal de la nouvelle mairesse. Le chef de l'opposition par intérim, Lionel Perez, a notamment déploré le manque de diversité au comité exécutif. L'opposition a aussi déploré que la nouvelle administration n'ait pas déjà lancé d'appel d'offres pour acheter de nouveaux autobus hybrides, comme promis en campagne, et qu'on ne soit pas prêt à dévoiler le programme de compensation pour les commerçants touchés par des chantiers. « Avec les réponses qu'on a eues aujourd'hui [hier], c'est difficile de voir s'ils étaient prêts à gouverner », a réagi Lionel Perez.

DÉVOILEMENT DU CABINET FANTÔME DE L'OPPOSITION

L'opposition à l'hôtel de ville a par ailleurs présenté, hier, son cabinet fantôme en disant vouloir mettre en lumière les lacunes de la nouvelle administration Plante-Dorais. Le parti, qui promet d'offrir une opposition « responsable et rigoureuse », alignera ainsi pas moins de 26 porte-parole, sur un total de 38 élus. C'est nettement plus que le comité exécutif de 18 personnes de Projet Montréal. Le chef par intérim, Lionel Perez, sera critique sur les enjeux touchant le nouveau statut de la métropole, la gouvernance et les relations internationales. Il sera épaulé par Marie-Josée Parent, qui agira en tant que leader de l'opposition, et Francesco Miele, qui sera président du caucus.

Photo Alain Roberge, La Presse

Cathy Wong a été confirmée dans son poste de présidente du conseil municipal. Elle est la première femme à occuper ce poste d'arbitre des débats à l'hôtel de ville.

Photo Alain Roberge, La Presse

Le chef de l'opposition par intérim, Lionel Perez