Après des années de promotion dans l'ombre et de recherches bénévoles pour perfectionner leur grand projet, les dirigeants de la Coopérative de solidarité du monorail à grande vitesse sont «surpris, ravis et emballés» par la proposition du premier ministre Couillard de relier Québec et Montréal par un moyen de transport rapide.

Après avoir entendu M. Couillard lancer l'idée dimanche, sur le parquet du congrès du Parti libéral du Québec, en montrant un intérêt particulier pour le monorail, le président de la Coopérative, Patrick Leclaire, a affirmé lundi avoir «hâte d'entrer en contact avec des gens au gouvernement du Québec.»

«Nous ne savions pas qu'il allait dire ça, admet M. Leclaire. Nous avons été surpris, d'autant plus que le gouvernement Couillard n'a pas fait mention d'un projet du monorail dans sa stratégie d'électrification des transports. Mais on est très contents de cet intérêt.»

Cette coopérative fondée en 2013, qui compte aujourd'hui 600 membres, entretient la flamme d'un projet de transport rapide basé sur un concept élaboré dans les années 90 par le physicien Pierre Couture, inventeur du moteur-roue d'Hydro-Québec.

Ce projet d'un monorail suspendu à 13 mètres de hauteur et filant à 250 km/h, ne cesse de ressurgir dans l'actualité, pour resombrer aussitôt dans l'oubli, depuis presque 20 ans.

Selon Patrick Leclaire, le projet a continué d'évoluer, dans l'obscurité et à petits pas, «mais il avance. Nous sommes en contact avec des universités, il y a des ingénieurs dans nos rangs. Plusieurs des hypothèses techniques que nous avions avancées ont été validées. On a mis en place une stratégie de financement qui exigerait des fonds publics, mais qui serait ouverte aussi au privé.»

Le premier tronçon d'environ 250 kilomètres du Monorail à grande vitesse (MGV), entre Montréal et Québec, coûterait environ 3 milliards à construire.

250 millions pour un banc d'essai

Il faudra du temps pour en arriver là, puisque les voitures suspendues du monorail et le système de propulsion à base de moteurs-roues n'existent encore que sur papier. «La première étape, explique M. Leclaire, serait de vérifier la viabilité technique et économique du projet». Ces études pourraient coûter entre 700 000 et 800 000 $, selon lui.

Par la suite, le développement des technologies, leur intégration, leur conception, la construction d'un prototype de voitures et sa mise à l'essai sur un segment de monorail nécessiteraient des investissements d'environ 250 millions, et ce, avant même d'entreprendre la construction d'un réseau.

Pour M. Leclaire, la portion centrale de l'autoroute 20 entre Québec et Montréal serait suffisamment large pour y aménager les pylônes et structures du monorail. Le secteur de la Place Bonaventure serait un point d'arrivée idéale dans la métropole.

Plus tard, avec de nouvelles antennes vers Sherbrooke, Ottawa et Trois-Rivières, «un réseau de MGV offrirait un accès à un service de transport interurbain rapide à une majorité de la population du Québec».

La Coopérative n'est pas seule à s'intéresser à ce projet. Un autre groupe de gens d'affaires de la région de Sorel qui a eu l'appui de l'ex-premier ministre Bernard Landry, MGV Québec, en a fait la promotion active dans cette région. Sur son site internet, MGV Québec donne son appui à la Coop MGV.

Une autre société établie à Québec, Monorail TrensQuébec, a aussi pour vocation de «promouvoir la construction d'un monorail et l'opérer par la suite».

Le gouvernement libéral pourrait lancer un appel public d'intérêt pour un tel projet après les élections d'octobre 2018, s'il est réélu.

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DES PROJETS CONCURRENTS

TGV Québec-Windsor :

La dernière étude fédérale-provinciale sur le projet de train à grande vitesse dans le corridor Québec-Windsor a conclu que le projet serait réalisable à un coût de 21 milliards pour un train électrique filant à 300 km/h. Un segment Montréal-Ottawa-Toronto coûterait entre 9 et 11 milliards à construire. Le trajet Montréal-Québec prendrait environ 1h15. L'étude ÉcoTrain, rendue publique en 2011, a été presque aussitôt tablettée par le gouvernement conservateur de Stephen Harper.

TGF de Via Rail :

Via Rail propose depuis 2014 un projet plus modeste. La construction d'une voie ferrée qui serait exclusivement dédiée au transport des passagers entre Toronto, Ottawa, Montréal et Québec. Le projet de «train à grande fréquence» (TGF) triplerait le nombre de départs quotidiens et réduirait les temps de parcours entre les villes. Le coût du projet est estimé à 4 milliards.

Il pourrait se réaliser en quatre ans. Le projet est à l'étude au gouvernement fédéral depuis la fin de 2016.