Loin d'être un cas isolé, la nouvelle consigne de la Ville de Brossard interdisant la nudité dans l'espace commun des vestiaires des piscines publiques est un avant-goût des mesures qui attendent une majorité d'établissements aquatiques.

C'est ce qu'estime Lucie Roy, présidente de l'Association des responsables aquatiques du Québec (ARAQ), selon qui il s'agit d'une évolution nécessaire qui réussira à ménager les sensibilités.

« Il faudra offrir aux gens la possibilité de se dévêtir dans le respect. Il faut préserver l'intimité, surtout lorsqu'on est avec des enfants », dit-elle.

À Brossard, une nouvelle directive interdit la nudité dans les vestiaires des piscines municipales. La Ville a dit avoir reçu une dizaine de plaintes depuis un an.

Mme Roy note que des objections sont surtout soulevées par des parents mal à l'aise avec le fait que des étrangers se dénudent sans discrétion devant leurs enfants.

Elle explique que c'est un sujet délicat, et que plusieurs points de vue peuvent s'affronter.

Pour avoir des vestiaires « accommodants pour tout le monde », il faut inviter les gens à se dévêtir dans des cabines individuelles, et non pas dans les espaces où tout le monde circule, dit-elle.

La tendance aux vestiaires unisexes

Mme Roy note que la tendance dans les nouvelles constructions de complexes aquatiques est aux vestiaires unisexes séparés de la zone piscine par de grandes vitres. De cette façon, le message d'aller se dévêtir dans une cabine individuelle, et non pas devant les casiers, est compris par tous, dit-elle.

« Dans ce scénario, les douches sont individuelles et privées. C'est sûr qu'au niveau du bâti, ça prend plus d'espace, plus de pieds carrés, alors c'est prévu dans la construction des bâtiments. »

Certains endroits offrent déjà un vestiaire familial, avec des cabines privées. « Par exemple, un père et sa fille de 6 ans peuvent aller se changer dans une cabine du vestiaire familial. Autrement, le père devrait amener sa fille dans le vestiaire des hommes, où il pourrait y avoir des hommes qui se dévêtent, et après 5 ans, 6 ans, je ne suis pas à l'aise avec ça. »

Quant aux vestiaires d'aréna, le problème est moins criant, dit Mme Roy, car la mixité « adultes-enfants » n'est pas aussi présente.



Construire plutôt que reconstruire

Est-ce à dire qu'il faut rénover les vestiaires des piscines publiques construites il y a des décennies, lorsque les exigences étaient différentes ?

« Moi, je dirais que non. Même s'il y a des douches communes, il y a toujours une façon de garder son maillot et d'aller se sécher et se changer dans une cabine individuelle. De toute façon, la majorité des établissements ont déjà des douches individuelles, même ceux qui ont été construits il y a longtemps. Et puis, si vous voulez mon opinion, il est plus important de construire de nouvelles piscines que de reconstruire des vestiaires. »

À la Ville de Montréal, le porte-parole Jacques-Alain Lavallée note que la quasi-totalité des 48 piscines intérieures et des 74 piscines extérieures sont gérées par les arrondissements.

« Chaque arrondissement est libre de déterminer la réglementation dans les piscines », dit-il.