Denis Coderre est au centre des explications que donnent les têtes d'affiche de son parti pour comprendre leur défaite.

Ils ne le blâment pas, mais Denis Coderre est au centre des explications proposées par les poids lourds de son parti pour tenter de comprendre leur dure défaite de dimanche, selon le recensement de La Presse.

La personnalité hors norme du maire est devenue un enjeu électoral majeur et M. Coderre n'a pas pu triompher alors qu'il servait lui-même de terrain électoral, avancent-ils en substance.

« Nos adversaires ont transformé la campagne en référendum sur la personnalité de M. Coderre, a affirmé le maire d'arrondissement sortant d'Hochelaga-Maisonneuve, Réal Ménard. C'est clair qu'il y a des gens qui l'appréciaient et d'autres pas. »

« Il y a des gens qui ont apprécié beaucoup son dévouement, il y a des gens qui ont apprécié beaucoup sa capacité exécutive et il y a des sensibilités qui se sont moins reconnues dans ce type de personnalité, a-t-il continué. Je ne suis pas en mesure de vous dire si c'est plus son sourire, la couleur de ses dents, je ne sais pas. »

Même son de cloche chez Lorraine Pagé. « M. Coderre a une personnalité polarisante », a reconnu la candidate défaite au poste de conseillère de Sault-au-Récollet, dans l'arrondissement d'Ahuntsic-Cartierville. 

« Et une partie de mon électorat ne m'a pas pardonné mon passage avec l'Équipe Coderre. »

Aux élections municipales, les citoyens ont souvent tendance à voter pour le même parti à la mairie et dans leur arrondissement, selon l'ancienne cheffe du parti Vrai changement pour Montréal (VCPM), qui avait pris la relève après le départ de Mélanie Joly pour Ottawa.

Mme Pagé estime donc avoir été emportée par la vague d'opposition à l'ancien maire.

Elle se garde bien de critiquer la campagne menée par Denis Coderre, toutefois. « Il serait trop facile de dire que c'est de sa faute à lui seul. Ni les victoires ni les défaites n'appartiennent à une seule personne », dit-elle.

«Ironique», selon Harout Chitilian

Pas question de blâme non plus du côté d'Harout Chitilian, qui comptait devenir le maire de l'arrondissement de Mme Pagé. Denis Coderre lui avait promis la présidence du comité exécutif en cas de victoire.

Pas de blâme, mais la même analyse : « l'humeur personnelle » du maire a joué dans la balance, avec les questions d'actualité, la stratégie de Projet Montréal et le traitement médiatique de ces éléments. « Tout ceci dans un contexte où très clairement la grande majorité des personnes étaient satisfaites ou très satisfaites du bilan, a-t-il dit. C'est un peu ironique comme situation. »

Plus à l'ouest, dans l'arrondissement de Saint-Laurent, le maire Alan DeSousa croit que « le maire Coderre peut sortir la tête haute » en raison de son bilan de promesses réalisées.

S'il cite son « style de gestion » comme élément qui a pu repousser certains électeurs, M. DeSousa a surtout mis de l'avant les dernières semaines pour expliquer la situation. 

« S'il avait eu l'occasion de refaire sa campagne, il aurait dû faire ça autrement. Son message n'est pas sorti tel qu'il l'a souhaité. »

Déçue de s'être fait montrer la porte par les électeurs, Lorraine Pagé se réjouit cependant, « en tant que féministe », de voir une première femme diriger Montréal. « Les gens étaient prêts pour ça, et ça a joué en faveur de Valérie Plante », souligne celle qui a été la première femme à diriger une grande centrale syndicale au Québec (la Centrale de l'enseignement du Québec).

Les maires d'arrondissement défaits Russell Copeman et Anie Samson ont indiqué par l'entremise de leur personnel qu'ils n'étaient pas disponibles pour discuter avec La Presse.

Photo Robert Skinner, Archives La Presse

Réal Ménard

Photo Hugo-Sébastien Aubert, Archives La Presse

Harout Chitilian