Lors de l'élection municipale de dimanche, les citoyennes portant le voile intégral pourront voter à condition qu'elles acceptent de découvrir leur visage, ne serait-ce que quelques secondes, pour que le personnel électoral puisse vérifier leur identité.

La loi sur la neutralité religieuse, qui vient d'être adoptée par Québec et suscite de nombreux débats, ne change rien aux règles à cet égard, a confirmé le président d'élection de la Ville de Montréal, Me Yves Saindon.

«Lors de la dernière élection, en 2013, tous ceux qui se sont présentés à un bureau de vote avec le visage couvert ont accepté de s'identifier et ont pu voter. Mais nous n'avons pas de données sur le nombre de cas», a indiqué M. Saindon lors d'une rencontre d'information en avant-midi.

Il semble que cette procédure ait été appliquée au moins une fois, dans le quartier Parc-Extension.

La seule dérogation permise à cette règle serait pour un citoyen qui ne peut découvrir son visage pour des raisons médicales, par exemple s'il est recouvert de bandages. Cette personne devrait se présenter à la «table de vérification de l'identité des électeurs», pour obtenir l'autorisation de voter du directeur général des élections et signer un serment attestant de son identité.

Mais le personnel électoral n'a fait face à aucune demande en ce sens lors du dernier scrutin municipal, souligne M. Saindon.

C'est l'article 215 de la Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités, qui stipule que «l'électeur doit [...] établir son identité à visage découvert».

Le Collectif contre la loi 62 interprète l'obligation imposée à l'électeur de montrer son visage comme un «refus du droit de vote aux femmes musulmanes couvrant leur visage pour des raisons religieuses», selon un communiqué de l'organisme diffusé il y a quelques jours.

Pour appuyer sa position, le groupe cite des propos tenus lors d'une formation donnée au personnel électoral, où un formateur explique aux employés qu'une femme portant la burka ne pourra pas voter.

Le collectif appelle le public à manifester dimanche devant les bureaux de vote «en solidarité avec les femmes qui se verront refuser leur droit de vote».