« C'est une peine de mort pour nous. C'est l'enfer chaque jour. » Copropriétaire du restaurant Mesa 14, Mike Cloghesy craint de devoir fermer boutique en raison d'un imposant chantier de la Société de transport de Montréal (STM) dans la rue Bishop.

Depuis le début du chantier, en septembre 2016, le restaurateur qui tient un commerce depuis 13 ans dit avoir vu son chiffre d'affaires fondre de 70 000 $. Et les travaux doivent durer encore au moins deux ans. « C'est un site de choix [prime location]. On est au centre-ville, à quelques mètres de Sainte-Catherine, proche de l'Université Concordia. Mais en ce moment, on n'a plus rien de tout cela. On est rendus dans un cul-de-sac. »

Disant avoir entendu trop de commerçants comme Mike Cloghesy se plaindre des ratés dans les chantiers de la Ville de Montréal, la candidate à la mairie Valérie Plante s'engage à mieux les soutenir lorsque des travaux viennent bousculer une artère commerciale.

La nouvelle Loi sur la métropole le permettant, la cheffe de Projet Montréal entend offrir un crédit de taxes aux commerçants touchés, tout comme son adversaire. Valérie Plante ne s'est pas avancée sur les critères d'un tel programme ni sur les coûts d'une telle cette mesure, mais elle veut s'inspirer de la ville de Bruxelles. La capitale de la Belgique a mis en place un programme de compensation qui évalue les crédits en fonction de la durée des travaux et de l'ampleur de leurs impacts.

«Préavis d'au moins six mois»

Mais dédommager les commerçants n'est pas suffisant, il faut aussi mieux planifier les chantiers dans les artères commerciales, poursuit Valérie Plante. Projet Montréal juge inacceptable que les commerçants de la rue Bishop, comme Mike Cloghesy, aient été informés à peine deux mois avant le début des travaux.

« Il faut un préavis d'au moins six mois, voire un an », estime Jabiz Sharifian, candidate pour le parti dans le district de Peter-McGill.

À noter, bien que les travaux durent depuis plus d'un an dans la rue Bishop et qu'ils doivent se poursuivre encore au moins deux ans, ils n'apparaissent pas sur le site Info-Travaux, qui doit en théorie aviser les Montréalais des chantiers en cours.

Les mesures de mitigation, comme l'ajout d'un habillage et des affiches pour rappeler aux passants que les commerces sont ouverts, ont été mises en place trop tardivement, ajoute Projet Montréal. 

« Le chantier a commencé en septembre [2016], mais on a mis des affiches pour dire que les commerces sont ouverts depuis deux mois seulement ? On ne travaille pas assez en amont. On vient les voir quand les chantiers sont commencés, et les commerçants manifestent leur désarroi », déplore Valérie Plante.

Jabiz Sharifian estime que les ratés de la rue Bishop envoient un mauvais message aux commerçants de tout le centre-ville, alors qu'un imposant chantier doit débuter en 2018. 

« Là, on fait des travaux sur une petite rue, mais bientôt, ce sera sur Sainte-Catherine. Imaginez ce que ça aura comme effet si on n'a pas une meilleure communication. »

Soulignant que les travaux sont réalisés par la STM, Denis Coderre a réagi en rappelant qu'ils étaient nécessaires. « On a besoin de faire ces chantiers, ce n'est pas un problème de planification. Il faut s'assurer d'accompagner les commerçants. »

Le maire sortant a évoqué la possibilité de miser sur les nouveaux pouvoirs de compensation pour dédommager de façon rétroactive ceux qui ont été victimes de lourds chantiers, citant les cas des rues Saint-Denis et Saint-Paul. « Je ne veux pas leur faire de fausses joies, mais je pense que c'est possible », a-t-il dit.