Le maire sortant de Laval a fait face à un feu nourri de constats négatifs provenant des quatre candidats qui convoitent son poste, hier, lors d'un débat organisé par la Chambre de commerce et d'industrie de Laval. On lui a reproché de faire stagner la troisième ville du Québec et de ne pas travailler assez pour redonner vie aux quartiers. Ce dont M. Demers s'est calmement défendu en vantant son bilan. Résumé des échanges.

ÉCONOMIE EN CHUTE ?

« Le quart des emplois en fabrication ont été perdus ; 11 200 emplois ont été perdus et les investissements privés ont baissé de 9 % », a répété avec hargne le candidat Jean-Claude Gobé. Michel Trottier a renchéri sur la lourdeur bureaucratique, en disant que les délais pour obtenir des permis et des autorisations font fuir des commerçants vers la couronne nord.

« Plusieurs intervenants nous ont donné des prix pour notre efficacité. Des économistes de Desjardins ont établi que Laval a une économie supérieure au reste de la province, et que ça continuerait », a répondu le maire sortant, affirmant plutôt que les vrais chiffres parlent de 2064 personnes de plus qu'en 2013 qui occupent actuellement un emploi à Laval.

« Les prix, c'est des prix de bureaucratisation », a raillé M. Gobé, le plus incisif des candidats.

ATTIRER DES ENTREPRISES

Michel Trottier et Marc Demers s'entendent sur un point : pour ramener de grandes entreprises à Laval, il ne faut pas se placer en compétition avec les villes voisines.

« Il va falloir établir un partenariat régional mieux coordonné. Le silo lavallois, ça ne marche pas. Oui, nous sommes une banlieue de Montréal, mais il faut s'intéresser aux problèmes mondiaux », a dit M. Trottier. « Montréal International nous aide et nous accompagne sur le plan international. Laval n'est pas en compétition avec Boston et Toronto. C'est la grande région qui est en compétition », a renchéri Marc Demers. Jean-Claude Gobé prône la mise sur pied d'un organisme de prospection indépendant du conseil municipal pour attirer des entreprises. Tous ont prononcé ces mots à la mode, « incubateurs d'entreprises » pour attirer des « start-up », et promettent d'en favoriser la création.

CIRCULATION

« Avant, il y avait du trafic pour aller à Montréal, mais maintenant, il y a de la congestion sur l'île de Laval. Il faut renverser la tendance. Il faut stopper l'auto-solo, être capable de se déplacer en transport collectif. On va payer la carte d'autobus pour les étudiants du cégep et de l'université. On va retirer des voitures pour remplir les bus », a proposé Michel Trottier. Sonia Beaudelot a proposé l'installation de navettes express entre les pôles centraux et les quartiers industriels, mal desservis. Alain Lecompte dit ne pas vouloir opposer transports en commun et voitures, et propose un grand stationnement près du métro Montmorency. Le maire affirme que le problème dépasse Laval et qu'il entend créer un « incubateur d'accélération en mobilité à Laval ».

QUARTIERS

« Laval est en train de devenir un désert de commerces de proximité. On construit des tours à gauche et à droite, à toute vitesse, on crée des îlots de béton. Je souhaite que dans tous les quartiers, on revienne, sans reculer derrière, à ce que c'était avant à Saint-Vincent-de-Paul, Sainte-Rose, Sainte-Dorothée. Recréer des quartiers avec des rues sur lesquelles on peut marcher pour faire ses achats. C'est bien beau, la Place Bell. Mais on fait quoi pour donner envie aux gens de rester à Duvernay ? », a lancé M. Gobé. « On s'est donné une vision stratégique, Urbaine de nature. Ça va guider nos décisions pour les prochaines années », a répondu Marc Demers, en parlant du nouveau centre-ville de Laval en développement et de ses efforts pour amener un campus dans la ville. Mme Beaudelot, quant à elle, propose des subventions aux entreprises voulant restaurer des bâtiments patrimoniaux délaissés.

FIERTÉ LAVALLOISE

Les candidats ont été questionnés sur le sentiment de fierté des Lavallois à l'égard de leur ville. « La fierté des Lavallois a toujours été présente. Elle a été ternie par quelques individus », a commenté Michel Trottier. Sonia Beaudelot est moins positive. « On veut recommencer le jumelage international. Redonner à la Ville de Laval la fierté qu'on a eue. Internationalement, tout le monde connaît Saint-Tite. Mais pas Laval. Il faut que ça change », a-t-elle martelé.

QUI SONT LES CANDIDATS ?

• MARC DEMERS, MOUVEMENT LAVALLOIS, Maire sortant, ex-policier et enquêteur de la police de Laval.

• JEAN-CLAUDE GOBÉ, ACTION LAVAL, Ancien député du Parti libéral du Québec pendant quatre mandats, candidat à la mairie de Laval en 2013 (il a terminé au deuxième rang).

• MICHEL TROTTIER, PARTI LAVAL, Conseiller municipal depuis 2013. Il a fait carrière comme professeur, puis directeur d'école.

• SONIA BEAUDELOT, AVENIR LAVAL, Directrice de vol et chargée du recrutement chez Air Transat.

• ALAIN LECOMPTE , ALLIANCE DES CONSEILLERS AUTONOMES, Conseiller municipal élu en 2013 avec le parti de Marc Demers.