Les deux principaux candidats à la mairie de la métropole se sont engagés à financer davantage la culture, en empruntant toutefois des chemins diamétralement opposés. Valérie Plante propose d'augmenter du tiers le budget du Conseil des arts de Montréal, tandis que Denis Coderre veut plutôt créer un fonds de transition pour ramener jusqu'en 2020 certains événements phares du 375e anniversaire de la ville.

Culture Montréal organisait hier une soirée pour permettre aux deux candidats de présenter leurs propositions culturelles, devant près de 150 personnes réunies au Monument-National. S'ils partageaient la scène pour la première fois de la campagne, Denis Coderre et Valérie Plante n'ont toutefois pas véritablement croisé le fer, ayant plutôt présenté leur vision à tour de rôle.

Le maire sortant a évoqué la mise en place d'un fonds de transition du 375e anniversaire de Montréal, pour éviter que la métropole ne souffre d'un blues post-festivités. Il souhaite ainsi maintenir de 2018 à 2020 certains événements ayant connu un grand succès, par exemple le spectacle Avudo, afin d'assurer « une continuité dans certaines célébrations ». Il n'a toutefois pas précisé à combien ce fonds s'élèverait, disant qu'il espérait convaincre les gouvernements de maintenir un plus important financement durant cette période de transition.

Sa rivale Valérie Plante n'adhère pas à cette vision. « Le 375e était pour marquer un anniversaire, mais pour moi, le monde ne tourne pas autour du 375e », a-t-elle réagi.

La cheffe de Projet Montréal dit plutôt vouloir miser sur le Conseil des arts, qui soutient les organismes artistiques, en majorant considérablement son financement. « Si je suis élue, dans le budget de l'an 1, nous allons augmenter son budget annuel pour le faire passer de 15 à 20 millions, puis l'indexer en fonction de l'inflation », a-t-elle promis.

Un «vecteur économique»

Valérie Plante estime que le Conseil des arts a fait ses preuves quant à son efficacité à soutenir les artistes et qu'il demande des fonds supplémentaires depuis longtemps. « C'est nécessaire. La culture et les arts sont un vecteur économique, une carte de visite pour Montréal à l'étranger. Il faut soutenir les créateurs », a-t-elle ajouté plus tard en point de presse.

« [L'argent] ne pousse pas dans les arbres. Il faut être responsable si on veut conserver le même niveau de taxation », a toutefois réagi Denis Coderre, en point de presse. Pour lui, il serait difficile d'augmenter aussi rapidement le financement du Conseil des arts de Montréal, compte tenu des finances serrées de la métropole. Il a plutôt proposé de l'augmenter graduellement pour atteindre le seuil des 20 millions vers la fin du prochain mandat.

Valérie Plante réplique toutefois qu'une telle augmentation est réaliste. « Chaque année, il y a des surplus, alors c'est une question de choix. Et il y en a qui ont choisi d'investir dans le 375e et dans la Formule E. »

Par ailleurs, les deux candidats ne se sont pas montrés chauds à l'idée d'imposer une taxe sur les panneaux d'affichage pour financer la culture, à l'instar d'autres grandes villes canadiennes.

Photo Olivier Pontbriand, La Presse

Valérie Plante, candidate à la mairie de Montréal