Deux farouches critiques de l'administration Coderre, qui ont récemment intenté un recours collectif qui pourrait coûter 1,5 milliard à la Ville de Montréal, ont décidé de se joindre à son parti politique pour briguer les suffrages le 5 novembre.

Militants pour la cause des personnes à mobilité réduite, Linda Gauthier et Steven Laperrière ont longtemps talonné l'administration Coderre pour dénoncer l'absence d'accessibilité universelle dans la métropole. Ils porteront désormais sa bannière, tous deux ayant décidé de se présenter aux élections municipales. Linda Gauthier brigue le poste de conseillère de ville du district De Lorimier, dans l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal. Steven Laperrière se présente pour sa part comme conseiller d'arrondissement dans le district Cecil-P.-Newman dans LaSalle.

Présente pratiquement à tous les conseils municipaux pour critiquer l'inaction de la Ville de Montréal, Linda Gauthier reconnaît avoir longtemps « varlopé » Denis Coderre. Et même si elle intègre son parti, elle assure qu'elle compte bien continuer de soulever la question devant lui. « Je suis une femme de convictions et je les amène à l'hôtel de ville », a-t-elle dit.

Linda Gauthier s'attend à ce que certaines personnes proches du RAPLIQ lui en veuillent de se joindre à Équipe Coderre. « Mais je considère que je suis pas mal plus en mesure d'influencer que si j'étais restée au RAPLIQ », a-t-elle expliqué.

« C'est sûr que des gens ne vont pas comprendre, mais avec le temps, ils vont voir qu'on va afficher le même dévouement et on garde les mêmes idéaux », a dit Steven Laperrière.

« On est les mêmes qu'hier. Le combat continue, c'est juste qu'il va se faire de l'intérieur », a ajouté M. Laperrière.

«Pas juste là pour faire plaisir»

Prenant la balle au bond, Denis Coderre a déclaré qu'il n'avait pas peur de s'entourer de têtes fortes. « Les gens ne sont pas juste là pour faire plaisir. » Il compte bien profiter de l'expertise de ses deux nouvelles recrues pour améliorer les efforts de la Ville en matière d'accessibilité universelle.

Tous deux à la tête du Regroupement des activistes pour l'inclusion au Québec (RAPLIQ) jusqu'à récemment, Linda Gauthier et Steven Laperrière avaient même présenté en septembre 2015 un recours collectif contre la Société de transport de Montréal, la défunte Agence métropolitaine de transport et la Ville de Montréal pour dénoncer le manque d'accessibilité du réseau de transport en commun de la métropole. À l'époque, seules 11 des 68 stations de métro étaient accessibles aux personnes à mobilité réduite.

La demande de recours collectif a finalement été autorisée en juin dernier. Le RAPLIQ compte réclamer 50 000 $ en dommages moraux et 25 000 $ en dommages exemplaires. Environ 20 000 personnes à mobilité réduite étant admissibles à se joindre aux démarches judiciaires, la facture pourrait atteindre les 1,5 milliard de dollars.

Malgré le ralliement de ses instigateurs, le recours reste en place, a confirmé Steven Laperrière. Le nom de la personne désignée sera toutefois modifié d'ici peu pour éviter un conflit d'intérêts.