Le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) croit que la crise du logement, qui se serait résorbée il y a quatre ans selon les statistiques, perdure.

Le FRAPRU a profité de cette haute saison des déménagements, qui culminait samedi, pour réitérer ses revendications en matière de logement social.

Sa porte-parole, Véronique Laflamme, reconnaît que des dizaines de familles ne se sont pas retrouvées à la rue le 1er juillet comme c'était le cas au début des années 2000.

Elle croit néanmoins que la crise sévit toujours, tandis que les salaires ne progressent pas au même rythme que les loyers.

L'an dernier, au Québec, le taux d'inoccupation s'est maintenu à 4,4% - une statistique qui devrait pourtant refléter un certain équilibre du marché locatif.

Mme Laflamme objecte que les taux d'inoccupation se sont abaissés à des niveaux alarmants dans certains secteurs, comme les arrondissements montréalais de Saint-Léonard et d'Ahuntsic-Cartierville. Elle fait aussi état d'une pénurie de logements assez spacieux pour accueillir des familles.

En entrevue, elle a également fait remarquer que les chiffres ne rendaient pas compte du fait que bon nombre de locataires doivent se résigner à habiter des logements insalubres, hors budget, éloignés de leurs proches ou sans services de proximité.

«La crise du logement s'est transformée. La pénurie extrême est terminée, maintenant le problème majeur est la cherté des logements», a lancé Véronique Laflamme.

Elle signale que selon des données de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL), 270 000 locataires font face à «des besoins impérieux» en matière d'habitation dans la province. Sans compter les personnes sans abri ou celles qui doivent consacrer l'entièreté de leur revenu à leur loyer, se retrouvant sans le sou pour se nourrir et se déplacer. Mme Laflamme avance que c'est le cas d'au moins 81 000 ménages québécois.

«Malheureusement, ces statistiques-là ne nous font pas réagir, a-t-elle déploré. Ça devrait être une petite bombe!»

Le FRAPRU estime que les 3000 logements sociaux dont la construction est prévue au Québec dans la prochaine année ne pallient pas les coupes budgétaires précédentes.

«Le gouvernement du Québec nous dit vouloir faire mieux. On sait qu'il a empoché des surplus (budgétaires) records, mais malheureusement, en termes de politiques et programmes sociaux, il n'y a absolument rien de nouveau, pas un sou de plus», a-t-elle décrié.

L'an dernier, les Nations unies ont fait état d'une pénurie de logements sociaux au Canada, tandis que selon le FRAPRU, les listes d'attente pour des logements à prix modiques stagnent, avec seulement 11% du marché locatif québécois qui n'est pas à but lucratif.

«Les gens qui investissent dans le logement sont là pour faire des profits, martèle Véronique Laflamme. En l'absence de contrôle des loyers au Québec, ils continuent à augmenter de façon importante et les revenus ne suivent pas.»

Ottawa déposera sa Stratégie nationale sur le logement sera à l'automne, alors que le ministre québécois responsable de l'habitation, Martin Coiteux, complétera sa révision du programme AccèsLogis.

Le FRAPRU revendique la reconnaissance formelle du droit au logement - non comme le droit à un toit sur sa tête, mais bien «à un lieu où l'on puisse vivre en sécurité, dans la paix et dans la dignité».

En 2016, le loyer moyen pour un appartement de deux chambres au Québec s'établissait à 751 $ selon la SCHL, contre 808 $ à Québec et 791 $ à Montréal.