Les deux grandes villes de la banlieue, Laval et Longueuil, rejettent la nouvelle politique de financement des transports collectifs régionaux, qui fera gonfler leurs factures combinées de 40 millions en trois ans.

Le maire de Laval, Marc Demers, et la mairesse de Longueuil, Caroline St-Hilaire, réclament des changements majeurs à cette politique, qui fixe le montant des contributions que devra verser chaque municipalité pour le financement des services de transports en commun de la grande région de Montréal.

Selon eux, la hausse des contributions demandées d'ici 2020 représenterait en tout 25 millions pour la Ville de Laval et 15 millions pour l'agglomération de Longueuil, si cette politique est adoptée telle quelle par le conseil d'administration de la nouvelle Autorité régionale du transport métropolitain (ARTM).

Dans des entrevues séparées, le maire Demers et la mairesse St-Hilaire ont tous deux affirmé qu'une telle augmentation de leurs contributions municipales était « impossible à justifier » auprès de leurs commettants, surtout en l'absence de toute amélioration des services d'autobus, de métro ou de trains de banlieue.

Le maire de Laval estime que le comité de transition qui a préparé la mise en place de la nouvelle ARTM, et qui a concocté ce projet de politique, a modifié la méthode de calcul des quotes-parts utilisée depuis 2010, et qui avait fait l'unanimité des 82 municipalités de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM).

« On ne nous a pas avertis que la formule de partage allait être changée, et on ne nous a jamais dit pourquoi on l'avait changée, déplore le maire Demers. Mais le résultat avantage nettement la Ville de Montréal, dont la contribution va diminuer par rapport à l'ancienne politique. »

« Ce que Laval et Longueuil paient en plus, Montréal le paie en moins. » - Marc Demers, maire de Laval

La mairesse St-Hilaire ne met pas en cause la contribution de la métropole. « Tant mieux si ça coûte moins cher à Montréal, dit-elle. Montréal, c'est nos voisins, c'est des amis, et ça ne me dérange pas que la métropole soit avantagée par cette politique. Je ne veux juste pas que ma ville soit désavantagée, qu'on paie plus cher et - j'insiste là-dessus - sans ajout de services. »

RÉPARTITION

La mise en place de l'ARTM va bouleverser l'organisation et la planification des services de transports collectifs dans la région de Montréal au cours des prochaines années. Cette nouvelle autorité régionale, en place depuis le 1er juin, a pour mandat de définir les niveaux de service, de fixer les tarifs et de planifier le développement des réseaux de transports collectifs dans les 82 municipalités de la Communauté métropolitaine.

Depuis le 1er juin, les sociétés de transport de Montréal (STM), de Longueuil (RTL) et de Laval (STL) sont passées sous sa gouverne. Les trains de banlieue de la défunte AMT et les services d'autobus offerts dans les couronnes de banlieue par les anciens CIT sont pour leur part pris en charge par le Réseau de transport métropolitain (RTM), qui relève lui aussi de l'ARTM.

La manière de financer les services de la STM, du RTL, de la STM et du RTM changera aussi. Au lieu de financer directement les sociétés de transports de leur territoire, les municipalités vont verser une quote-part annuelle à l'ARTM, qui financera chaque société en fonction des services offerts aux usagers, comme convenu par contrat.

Pour la Ville de Laval et de l'agglomération de Longueuil, la répartition de ces quotes-parts, dans le financement de l'ARTM, est problématique. À titre d'exemple, l'agglomération de Longueuil investit cette année 78 millions pour financer les transports collectifs. En 2018, ce montant passera à 86 millions, et il continuera d'augmenter jusqu'à 90 millions en 2020.

Après 2020, la mise en service du futur Réseau de transport métropolitain (REM) de la Caisse de dépôt et placement du Québec fera encore grimper cette facture d'une somme qui, pour le moment, demeure inconnue.

Dans le cas de Laval, la facture des services de transports collectifs passera de 75 millions, cette année, à 80 millions l'an prochain, et augmentera rapidement jusqu'à 96 millions, en 2020, et ce, avant l'arrivée du REM.

« Ce qui m'inquiète un peu, dit la mairesse de Longueuil, c'est qu'on voulait avoir une nouvelle entité pour mieux gérer le transport collectif et maximiser les services. Les municipalités voulaient aussi prendre part aux décisions. Mais là, on n'a rien à dire. C'est un comité de transition qui arrive et qui décide : "Voici, ça va vous coûter 8 millions de plus l'an prochain." Ça ne peut pas fonctionner comme ça, et c'est pour ça que j'ai hâte à la première rencontre du conseil d'administration de l'ARTM où on va pouvoir examiner ces choses-là plus en profondeur. »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

La mise en place de l'ARTM va bouleverser l'organisation et la planification des services de transports collectifs dans la région de Montréal au cours des prochaines années. Sur la photo, Caroline St-Hilaire, mairesse de Longueuil.