La situation hydrologique s'étant améliorée au Québec, les autorités viennent de porter le débit sortant du lac Ontario à un niveau «sans précédent» pour soulager les riverains de la province voisine et de l'État de New York.

Hier midi, le Conseil international du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent a fait passer le débit constant de 10 200 mètres cubes par seconde à 10 400, et ce, jusqu'à samedi midi. Si cette «phase d'essai» est jugée concluante, cette hausse du débit pourrait se prolonger.

La mesure vise à accélérer l'abaissement du niveau d'eau du lac Ontario, qui atteignait 75,81 mètres mardi. C'est 7 cm de moins que le record historique atteint le 29 mai, mais 76 de plus que le niveau moyen du lac à long terme pour cette période de l'année.

Sur sa page Facebook, le Conseil a soutenu que l'augmentation du débit sortant du lac Ontario ne devrait pas avoir d'«effet significatif» sur le niveau d'eau du fleuve Saint-Laurent près de Montréal, compte tenu de la baisse du débit de la rivière des Outaouais.

Daniel Dagenais, vice-président aux opérations à l'Administration portuaire de Montréal, a confirmé hier à La Presse que la décision du Conseil n'avait pas eu de répercussions sur les activités du port.

Dans le fleuve près de Montréal, la hauteur de l'eau a diminué de 23 cm depuis le 29 mai. Malgré tout, les niveaux restent très élevés dans la région : ils surpassent la moyenne de 109 cm au port de Montréal et de 87 cm au lac Saint-Louis.

Restrictions sur la voie maritime

Le débit d'eau accru sur le fleuve entre Cornwall et Montréal entraîne une augmentation de la vitesse des courants, ce qui complique la vie des capitaines de navires commerciaux et des autres navigateurs. La Voie maritime du Saint-Laurent a notamment imposé des restrictions à la vitesse maximale des bateaux et aux dépassements.

«Les plaisanciers sur le fleuve Saint-Laurent devraient continuer d'être prudents en raison des conditions extrêmes», a prévenu le Conseil.

L'organisme fait face à d'intenses pressions de la part de riverains de l'Ontario et de l'État de New York pour accroître encore le débit d'eau, quitte à suspendre la navigation sur le Saint-Laurent pendant quelques jours, voire quelques semaines.

«Augmenter le volume du débit sortant élèverait ou maintiendrait le niveau d'eau élevé en aval sur le fleuve Saint-Laurent, où les riverains, tout comme ceux du lac Ontario, cherchent désespérément à obtenir un répit après des semaines d'inondations», a expliqué le Conseil sur Facebook.

Le niveau record du lac Ontario a entraîné l'inondation de résidences, de plages et même d'appartements du centre-ville de Toronto, en plus d'empêcher l'accès aux îles de Toronto. Plus tôt cette semaine, le gouverneur de l'État de New York, Andrew Cuomo, a de nouveau reproché à la Commission mixte internationale, de qui relève le Conseil international du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent, d'avoir mal géré la crue des eaux.