Le dégommage de deux élus à l'hôtel de ville de Montréal a suscité un important malaise, Projet Montréal accusant le maire de se comporter en «seigneur féodal». Denis Coderre a défendu sa décision en disant qu'il ne voulait pas que des élus d'opposition servent de porte-parole de son administration.

La conseillère Elsie Lefebvre annonçait dimanche qu'elle quittait Coalition Montréal, dirigé par Marvin Rotrand, pour siéger comme indépendante. Aujourd'hui, l'administration Coderre a annoncé qu'elle a décidé de remplacer Marvin Rotrand à la vice-présidence de la STM par Elsie Lefebvre.

Denis Coderre a assuré qu'il n'y avait «rien de personnel» dans cette décision, mais que le conseiller avait scellé son sort en décidant de devenir chef de Coalition Montréal. «On ne peut pas être de l'opposition et être porte-parole de l'administration», a-t-il résumé.

Ébranlé d'être ainsi subitement démis de son poste après 16 ans à la STM, Marvin Rotrand s'est désolé de ne pas avoir été avisé au préalable par le maire. Amer, il a estimé que «cette nomination va venir hanter l'Équipe Coderre quand quelques faits seront connus la semaine prochaine».

Malgré sa déception, Marvin Rotrand a demandé à ses collègues de ne pas s'opposer à son remplacement, disant ne pas vouloir semer la division à la STM.

Si Projet Montréal ne s'est pas opposé, le parti s'est désolé de la «façon cavalière» dont le maire s'est pris pour démettre le conseiller Rotrand de son poste. «On assiste à un triste spectacle, du maire qui veut nous montrer sa puissance, comme un seigneur féodal qui peut donner et reprendre, encourager et punir», a déploré François Limoges.

«On peut jouer à la victime, mais personne n'est dupe», a réagi le maire. S'il a choisi Elsie Lefebvre pour la vice-présidence de la STM, tout comme il a désigné la mairesse de LaSalle, Manon Barbe, pour présider l'agglomération, c'est qu'il voulait «plus de femmes dans des postes décisionnels».

La chef de Vrai changement, Justine McIntyre, a qualifié ces changements de «façon de récompenser ses petits amis et de punir les moutons noirs qui sortent du rang».

Le maire Denis Coderre s'est défendu de procéder à une «épuration» à la veille des élections. Reprenant l'offensive, il a plutôt accusé Vrai changement de «faire de l'intimidation» envers un de ses élus dans l'arrondissement Île-Bizard, faisant ainsi référence aux accrochages impliquant un membre de son parti. «Vous êtes dans une maison de verre, attention avant de garrocher des roches», a prévu le maire.