Nouvelle chef, nouveau programme, nouveau départ ? Alors que Projet Montréal aspire à quitter les bancs de l'opposition pour prendre la mairie, les membres du parti se réunissent cette fin de semaine en congrès pour adopter leur programme en vue des élections municipales de novembre prochain. Durant deux jours, pas moins de 400 propositions seront débattues. La Presse s'est entretenue avec Valérie Plante, qui a pris la tête de la formation en décembre dernier.

DÉBUT DE LA CAMPAGNE

« C'est un congrès important. C'est là qu'on va lancer la campagne, se doter d'un outil pour faire des propositions audacieuses aux Montréalais », résume Valérie Plante. Le congrès marque en effet un tournant majeur pour la formation, fondée en 2004 par Richard Bergeron. Ce dernier a quitté le parti en 2014 pour se joindre à l'administration Coderre après avoir échoué à trois reprises à prendre la mairie. Choisie chef de Projet Montréal à l'issue d'une chaude course qui a fait tripler le nombre de membres (le parti en compte environ 3500), Valérie Plante compte maintenant imprimer sa marque sur la formation. Elle assure qu'il n'est pas question de faire table rase de l'héritage de Projet Montréal, mais bien d'y ajouter sa touche. « Notre premier chef était plutôt axé sur l'urbanisme ; pour moi, ça va être de prolonger le travail sur les transports, l'habitation et aussi la question du développement social, qui me tient beaucoup à coeur », dit-elle.

MISER SUR LES TRANSPORTS ET L'HABITATION

Le congrès étudiera pas moins de 400 propositions formulées par les associations locales et les membres de Projet Montréal. Environ 400 membres sont ainsi attendus au Coeur des sciences de l'UQAM pour déterminer quelles propositions apparaîtront au programme du parti lors des prochaines élections. Valérie Plante ne cache pas que l'idée est de fouetter les troupes alors que le scrutin doit avoir lieu dans moins de six mois. La chef de Projet Montréal estime que la mairie se jouera sur deux thèmes majeurs, les transports et l'habitation, deux points sur lesquels l'administration Coderre a échoué, selon elle.

RETOUR DE LA « LIGNE ROSE »

Sujet chaud à Montréal, les problèmes de transports s'imposeront dans les débats. « Dans mes rencontres avec les citoyens, la question du transport revient toujours. Les Montréalais veulent plus d'options », dit Valérie Plante. Son parti compte ainsi inscrire à son programme l'idée que sa nouvelle chef a lancée durant la course à la direction de construire une nouvelle ligne de métro (la « ligne rose »), qui s'étendrait du centre-ville à Montréal-Nord. Les membres seront aussi appelés à se prononcer sur l'idée émise par un autre candidat à la direction, François Limoges, qui avait proposé de garantir à tous les Montréalais un accès aux transports en commun en 10 minutes et d'arriver à destination en 45 minutes.

GARDER LES FAMILLES

Autre sujet d'actualité, Valérie Plante souhaite que sa formation adopte des propositions pour permettre aux jeunes familles de demeurer à Montréal, plutôt qu'avoir à s'exiler en banlieue. « Il y a énormément de familles qui quittent l'île parce qu'elles n'arrivent pas à se loger. Pourtant, c'est la force de Montréal, cette forte mixité sociale. Pour la préserver, il faut avoir une offre d'habitation qui correspond à leurs besoins et à leur portefeuille », plaide l'élue. Parmi les propositions, on suggère notamment d'imposer un nombre minimal de logements de trois chambres et plus dans tous les projets immobiliers.

PLAFONNER LA HAUSSE DES TAXES

Comme c'est maintenant la norme, Projet Montréal compte s'engager à plafonner au taux de l'inflation la hausse des taxes municipales. Valérie Plante estime que la dépendance de la métropole aux taxes - celles-ci représentant 70 % de ses revenus - devra faire l'objet d'une remise en question. « La taxation, on devra en parler. C'est ce qui rend la vie tellement difficile à tout le monde », déplore l'élue. Elle juge d'ailleurs que le statut de métropole négocié avec Québec par l'administration Coderre ne règle en rien ce problème, alors qu'il devait s'y attaquer. « Force est d'admettre que c'est un échec. Il faut donner de l'oxygène aux Montréalais », dit Valérie Plante.

AUTRES PROPOSITIONS À L'ÉTUDE

Revoir les appels d'offres pour mettre fin aux chantiers fantômes, c'est-à-dire ceux où des travaux n'ont pas lieu pendant plusieurs jours.

Évaluer et sécuriser tout endroit où se produit un accident entraînant la mort ou des blessures graves chez un piéton ou un cycliste.

Créer une marque « Fabriqué à Montréal » pour encourager le commerce local.

Aménager un bain portuaire dans le Vieux-Port.

PROJET MONTRÉAL EN BREF

2004

Fondation du parti par Richard Bergeron. Il échouera à prendre la mairie l'année suivante, mais deviendra le premier élu de sa formation à entrer à l'hôtel de ville, comme conseiller municipal.

2009

Richard Bergeron termine troisième dans la course à la mairie, mais 14 de ses candidats se font élire.

2013

Richard Bergeron échoue de nouveau à prendre la mairie, mais le parti devient l'opposition officielle avec 28 élus.

Octobre 2014

Richard Bergeron quitte Projet Montréal pour se joindre à l'administration Coderre. Le maire de l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, Luc Ferrandez, lui succède à titre intérimaire.

Décembre 2016

Valérie Plante est élue chef du parti et sera candidate à la mairie le 5 novembre.

Photo Martin Chamberland, Archives La Presse

Valérie Plante a été élue à la tête de Projet Montréal en décembre 2016.