Administratrice de sociétés. Née à Normandin, au Lac-Saint-Jean, elle a fait carrière chez Alcan, où elle a occupé plusieurs postes de direction avant de devenir présidente et chef de la direction de Rio Tinto Alcan, poste qu'elle a quitté en 2014.

Votre premier ou votre plus beau souvenir de Montréal ?

Vers l'âge de 12 ans, n'ayant jamais quitté la région du Lac-Saint-Jean, ma grand-mère, elle aussi Bleuet d'origine et qui avait emménagé à Montréal depuis quelques années, m'invitait à aller la visiter avec ma cousine. Un peu de contexte... Ma grand-mère était une femme forte, elle a géré un magasin général, a élevé 13 enfants, a toujours eu des opinions bien tranchées et un franc-parler, bref, une figure majeure dans ma vie. Mon meilleur souvenir de la ville, sans contredit, et dépassant de loin les sensations fortes de La Ronde, est le témoignage de l'affection profonde que ma grand-maman portait à son «beau Montréal». Elle en parlait comme on parle d'un amoureux... aucun accroc à la morale, elle était veuve depuis longtemps. De mes 12 ans, puisque ma grand-mère ne se trompait jamais, j'en concluais donc que Montréal devait, en effet, être tout à fait exceptionnelle. J'absorbais donc les lumières, le son, l'odeur de Montréal. Encore aujourd'hui, quand je regarde la ville illuminée, l'association naturelle qui me vient à l'esprit est le «beau Montréal» de ma grand-maman.

Que représente Montréal pour vous ?

Montréal, c'est la métropole, la plaque tournante de l'économie, la synergie des rassemblements du savoir, la société ouverte, l'effervescence culturelle. La compétition internationale est vive, mais Montréal a beaucoup à offrir.

Quels sont la plus grande qualité et le plus grand défaut de Montréal ?

Ici, c'est difficile de se limiter à une seule... Montréal a plusieurs qualités quand on la compare à d'autres grandes villes du monde : elle est inclusive, elle a compris l'enjeu démographique et l'importance d'accueillir ceux qui nous ont choisis, elle est énergique et vibrante, impossible de s'ennuyer, étant donné la richesse culturelle et l'ensemble des activités qui y sont offertes. On manque de temps avant de manquer d'idées de choses extraordinaires à faire. Son coût de la vie relativement abordable quand on la compare. Son potentiel de ville verte et intelligente avec son accès à une énergie propre, sa capacité d'innovation bien supportée par son réseau universitaire. Une ville relativement sécuritaire.

Son plus grand défaut : son infrastructure. Il faut reprendre le retard, si on veut sérieusement rêver d'une ville verte et intelligente. Venant du milieu des commodités où les projets sont complexes, j'ai beaucoup d'empathie devant l'envergure de la tâche. Une solide infrastructure est essentielle pour profiter de la quatrième révolution technologique -celle de l'intelligence artificielle. Alors, courage et persistance à tous ceux qui sont sur nos grands chantiers urbains.

Que souhaitez-vous à Montréal pour son 375e anniversaire ?

Garder les valeurs qui lui sont propres : ville ouverte, inclusive, culturellement vibrante... et pesant sur l'accélérateur de l'innovation, tout en maintenant cette innovation respectueusement au service de l'humain.

- propos recueillis par Hélène Baril