Croyant que son fils était victime d'un vol d'identité, comme il le prétendait, le maire Denis Coderre a porté plainte à la police. Mal lui en a pris. L'enquête a en effet démontré que le vol d'identité était une invention, si bien que le fils de M. Coderre se retrouve aujourd'hui accusé de méfait, de fraudes de plus de 5000 $ et d'entrave au travail des policiers.

Il appert qu'Alexandre Coderre, 21 ans, serait aux prises avec la cyberdépendance. Il aurait dépensé des sommes considérables en achats sur l'internet. Pour ce faire, il aurait utilisé sa propre carte de crédit, mais aussi celles de deux autres membres de sa famille. Incapable de payer ce qu'il devait, et craignant les foudres de son père, le jeune homme a prétendu qu'on avait usurpé son identité. Informé de cela, et y croyant parfaitement, M. Coderre a téléphoné au chef de police Philippe Pichet, et une enquête a été enclenchée. Quand celle-ci a démontré qu'il y avait anguille sous roche, le dossier a été transmis à la Sûreté du Québec, par souci de transparence, puisqu'il s'agit du fils du maire. En mars dernier, cinq accusations ont été autorisées contre le jeune Coderre, qui doit comparaître lundi, par sommation, à Montréal.

Selon la dénonciation, les achats auraient été faits entre janvier 2015 et le 31 janvier 2016. L'enquête aurait commencé en janvier 2016, pour se conclure en février dernier. L'accusation de méfait concerne le fait d'avoir fait entreprendre une enquête en accusant faussement quelqu'un d'autre d'une fraude de plus de 5000 $. Alexandre Coderre est aussi accusé d'entrave parce qu'il aurait effacé des données dans son cellulaire en décembre dernier. Deux accusations de fraudes de plus de 5000 $ ont été portées contre lui, même si les détentrices des deux cartes de crédit utilisées n'ont pas porté plainte.

SA PRIORITÉ : SON FILS

Jointe hier soir, Catherine Maurice, directrice des communications au cabinet du maire, a confirmé que M. Coderre avait porté plainte à la police pour une fraude potentielle par carte de crédit. « L'enquête a démontré que son fils souffrait de cyberdépendance, un phénomène qui affecte de plus en plus de familles. Le maire s'en remet au système judiciaire », a signalé Mme Maurice.

M. Coderre a réagi brièvement : « Ma priorité n'est pas de me demander comment je dois réagir comme maire, mais bien comme père, et d'aider mon fils qui se prend en main présentement, à passer à travers cette épreuve de cyberdépendance. Je n'ai pas l'intention de commenter plus cette affaire, mais bien d'épauler mon fils dans sa démarche et de l'accompagner du début à la fin. » Le maire a indiqué qu'il ne ferait pas d'autres commentaires et souhaite qu'on respecte « l'intimité de sa famille et l'intégrité du processus judiciaire ». 

- Avec la collaboration de Tristan Péloquin, La Presse