Cinq ans après l'arrivée de l'agrile du frêne sur l'île, la Ville de Montréal pense qu'elle sera en mesure de sauver seulement la moitié des arbres attaqués par cet insecte ravageur. La métropole évalue que la stratégie mise en place pour contrer l'infestation permettra à un peu plus de 50 000 des 100 000 frênes sur rue de survivre.

La Ville de Montréal a dévoilé, hier, son bilan de la lutte contre l'agrile du frêne, insecte ravageur détecté pour la première fois à Montréal en 2012. On y apprend que le nombre d'arbres infestés par l'insecte a continué à progresser. Pas moins de 931 arbres infestés ont été dépistés en 2016, soit 63 % de plus que l'année précédente.

Pour freiner la progression de l'agrile, la métropole a abattu l'an dernier 5379 frênes, portant à plus de 15 000 le nombre d'arbres tombés sous la tronçonneuse depuis 2012. Au moins 5000 autres devraient connaître le même sort cette année. C'est dans l'arrondissement de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles (778) que l'on a abattu le plus d'arbres en 2016, suivi d'Ahuntsic-Cartierville (671) et de Rosemont-La Petite-Patrie (520).

Malgré ce bilan, le responsable de l'environnement, Réal Ménard, estime que la crise de l'agrile du frêne est résolue. Montréal, qui a dépensé 12,4 millions depuis 2012 dans la lutte contre cet insecte, dit avoir atteint sa vitesse de croisière dans l'injection de l'insecticide pour protéger les frênes contre l'agrile, le TreeAzin. La métropole pense ainsi arriver à préserver de 50 000 à 60 000 des 100 000 frênes se trouvant dans ses rues.

« Je ne peux pas me réjouir d'une catastrophe prévisible », s'est désolé le conseiller de l'opposition Sylvain Ouellet. L'élu de Projet Montréal estime que la métropole aurait dû débloquer des fonds d'urgence dès 2014 pour enrayer efficacement l'insecte. « Ils ont décidé d'agir trop peu, trop tard. Des parcs entiers ont été décimés. Des rues entières ont fait l'objet de coupes à blanc. L'agrile est maintenant présent partout. On a dormi au gaz », dénonce-t-il.

« C'est sûr qu'en se comparant aux pires, on a l'air meilleurs », a ironisé Sylvain Ouellet. Celui-ci juge toutefois que Montréal ne peut se comparer au cas de Windsor, où la quasi-totalité des frênes a disparu, puisqu'elle a été la première à vivre l'infestation, en 2002. Touchée 10 ans plus tard, la métropole aurait dû mieux se préparer, estime-t-il.

NOUVEAU PROGRAMME POUR LES PROPRIÉTAIRES

De nombreux frênes se trouvant sur des terrains privés, Montréal a annoncé qu'elle comptait aider financièrement les propriétaires pour l'abattage de leurs arbres. La Ville met en place un programme de 900 000 $ par an, programme qui s'étendra sur 10 ans. Les propriétaires pourront demander une aide de 5 $ par centimètre de diamètre, pour un maximum de 4000 $. Une aide sera aussi offerte pour planter un arbre en remplacement des frênes abattus.