La Ville de Montréal prendra plus d'un mois pour faire le traditionnel ménage printanier de ses rues, les nombreux épisodes de gel-dégel survenus à l'hiver ayant forcé la métropole à utiliser trois fois plus de gravier qu'à la normale.

Cette imposante opération de nettoyage des rues se met en branle alors que la Ville doit simultanément mettre les bouchées doubles pour colmater les nids-de-poule qui prolifèrent. Déjà, pas moins de 100 000 trous ont été bouchés depuis le 1er décembre.

«Une grosse saison nous attend»

La fonte rapide des neiges a permis à Montréal d'entreprendre la semaine dernière le nettoyage des rues, afin d'enlever les abrasifs répandus ces derniers mois pour rendre les chaussées et trottoirs sûrs.

«On a une grosse saison qui nous attend. L'hiver a été difficile pour la glace, ce qui nous a amenés à utiliser plus de gravier que d'habitude. On paye pour l'hiver qu'on a eu, avec beaucoup de gel et dégel», a indiqué mardi le maire de l'arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie, François Croteau.

Trois fois plus de gravier

Signe de l'hiver difficile, Montréal évalue avoir répandu trois fois plus de gravier qu'à la normale. «Il y a plus de gravier sur les trottoirs, on en a mis plus qu'à la normale. On est sortis trois fois plus souvent», explique Sonia Emmel, contremaître supervisant les opérations d'entretien des rues de Rosemont.

Les 31 machines utilisées par l'arrondissement pour nettoyer les rues devront ainsi passer à plusieurs reprises pour bien faire le travail. «Passer une fois, ce n'est pas assez, il faut passer parfois jusqu'à trois reprises», poursuit Mme Emmel.

«Les camions se remplissent rapidement, alors on ne peut terminer les parcours normaux. Il faut reprendre la semaine suivante», ajoute François Croteau. Du coup, on évalue qu'il faudra jusqu'à cinq semaines pour terminer le ménage printanier des rues.

Un mal pour un bien

Même si l'utilisation de tout ce gravier à l'hiver retarde le ménage du printemps, le maire François Croteau reconnaît que Montréal n'a pas d'autres choix. Plutôt qu'utiliser davantage de sel, la Ville a pris la décision de miser davantage sur les petites roches, moins dommageables à long terme.

«Le sel a des effets très négatifs sur l'environnement. Ça accélère la dégradation de nos aqueducs et égouts et ça abîme la végétation», dit François Croteau. Plusieurs ruptures de canalisation sont en effet dues à des infrastructures attaquées par le sel utilisé depuis des années l'hiver.

Déjà 100 000 nids-de-poule colmatés

L'opération de nettoyage des rues se déroule alors que la Ville doit simultanément s'attaquer au fléau des nids-de-poule. Depuis le 1er décembre, Montréal dit avoir déjà colmaté tout près de 100 000 trous dans la chaussée des principales artères de la métropole. Dix machines sillonnent en tout temps les principales rues de Montréal afin de boucher les nids-de-poule qui apparaissent au printemps. L'ajout de GPS à ces appareils permet désormais à la Ville de suivre leur travail à la carte et ainsi de découvrir les endroits où les trous prolifèrent.

Voilà, les données démontrent que toutes les artères sont affectées par le problème. Les données démontrent que Montréal a colmaté en moyenne 1900 nids-de-poule par jour. La journée la plus productive a été le 3 mars, alors que tout près de 2900 trous ont été bouchés.

Les déchets aussi retardent les opérations

Au-delà du gravier, les déchets abandonnés dans les rues par les citoyens retardent aussi les opérations de nettoyage. De vieilles causeuses, des matelas défoncés et même des cuves de toilettes peuvent barrer le chemin des véhicules nettoyant les trottoirs.

«Des fois, les gens se disent "la Ville va nettoyer" mais il y a un coût associé à cela», se désole la contremaître Sonia Emmel. Le maire François Croteau ajoute que ces délais retardent d'autres opérations, comme le marquage des rues qui doit être refait chaque printemps. «On veut finir le plus rapidement parce que sinon on ne peut pas marquer les rues.»

Revoir les opérations hivernales

Devant l'ampleur de la tâche à faire chaque printemps, le maire François Croteau en vient à se demander si Montréal ne devrait pas revoir en profondeur ses opérations hivernales. Celui-ci attribue au passage des déneigeuses une importante partie de la dégradation des rues de la métropole.

«Éventuellement, il faudra avoir cette réflexion sur les opérations de déneigement qui causent des dommages. On paye les réparations qu'on cause l'hiver. Est-ce productif d'opérer de cette manière?», dit l'élu. Il évoque la possibilité de doter les déneigeuses de lames de carbone plutôt que d'acier, celles-ci étant moins dommageables pour la chaussée.

PHOTO LA PRESSE

Des cols bleus colmatent des nids de poule sur la rue Bourbonnière, dans l'arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve.