Il y a eu plus de plaintes de la part des consommateurs et plus de restaurants forcés à fermer sur-le-champ après la visite de l'inspecteur, car ils représentaient un danger imminent pour leur clientèle. Bilan de l'année 2016 des inspecteurs des aliments de la Ville de Montréal.

UNE NOUVELLE APPROCHE 

Malgré ces données-chocs, les nouvelles sont bonnes, explique Myrta Mantzavrakos, chef de la Division de l'inspection des aliments à la Ville de Montréal. Car l'approche a changé : « Il n'y a pas plus de problèmes, explique Mme Mantzavrakos, mais on se concentre davantage sur les cas problèmes. » Ainsi, les restaurants et commerces d'alimentation qui affichent un bon bilan peuvent avoir la visite d'un inspecteur seulement une fois par trois ans. Les récidivistes de la malpropreté seront visités chaque mois. En 2016, les 31 inspecteurs de la ville ont fait 13 210 inspections, une hausse de près de 5 % ; ils ont constaté 2963 infractions, une augmentation de 12 % en une année.

PALMARÈS DES DÉLINQUANTS

Environ 98 % des établissements visités l'année dernière ont reçu de bonnes notes. Parmi ceux qui font mauvaise figure, certains collectionnent les condamnations. Voici les huit établissements les plus condamnés en 2016. Certains de ces commerces collectionnent les infractions depuis des années ; d'autres finissent par mettre la clé sous la porte.

1 - Cristal Chinois, 998, boulevard Saint-Laurent 

• Dix condamnations pour avoir conservé et manipulé des aliments à la mauvaise température, pour malpropreté et pour présence de contaminants, d'insectes, de rongeurs ou de leurs excréments. 

• Total des amendes en 2016 : 11 600 $ 

• Fermé temporairement 

2 - Buffet La Stanza, 6878, rue Jean-Talon Est 

• Sept condamnations pour avoir conservé et manipulé des aliments à la mauvaise température, pour malpropreté et pour présence de contaminants, d'insectes, de rongeurs ou de leurs excréments. 

• Total des amendes en 2016 : 11 050 $ 

• Le restaurant a fermé ses portes l'année dernière. 

3 - Klondike, resto bar et grill, 100, rue Sainte-Anne 

• Six condamnations pour avoir conservé et manipulé des aliments à la mauvaise température et pour malpropreté. 

• Total des amendes en 2016 : 3600 $ 

• Le restaurant a changé de direction en 2016, selon le registre de la Ville. 

4 - Les aliments Kim Phat, 3588, rue Goyer 

• Cinq condamnations pour avoir vendu des aliments qui n'étaient pas conservés à la bonne température, pour malpropreté et présence de contaminants, d'insectes, de rongeurs ou de leurs excréments. 

• Total des amendes en 2016 : 10 950 $ 

5 - Restaurant Ethan, 72, rue de la Gauchetière 

• Cinq condamnations pour avoir conservé et manipulé des aliments à la mauvaise température, pour malpropreté et pour présence de contaminants, d'insectes, de rongeurs ou leurs excréments. 

• Total des amendes en 2016 : 6650 $ 

6 - Pâtisserie Jong Ro, 7417, avenue Harley

• Cinq condamnations pour malpropreté, pour présence de contaminants, d'insectes, de rongeurs ou leurs excréments. 

• Total des amendes en 2016 : 11 800 $ 

• Le commerce est maintenant fermé 

7 - Supermarché Tropic, 8075, avenue André-Ampère 

• Cinq condamnations pour malpropreté et pour avoir préparé des aliments sans détenir le bon permis. 

• Total des amendes en 2016 : 6950 $ 

• Le supermarché vient d'être condamné à nouveau pour avoir préparé des aliments sans détenir le bon permis. 

8 - Saint-Jean Bagel, 3702, boulevard Saint-Jean 

• Cinq condamnations pour malpropreté, pour avoir préparé des aliments sans détenir le bon permis ainsi que pour avoir conservé et manipulé des aliments à la mauvaise température. 

• Total des amendes en 2016 : 8100 $

UN DANGER IMMINENT

Parfois, l'inspecteur estime que le commerce représente un danger imminent pour sa clientèle. Il peut alors exiger la fermeture immédiate de l'établissement pour une courte période, de deux à cinq jours. Si le problème n'est pas réglé, la fermeture sera prolongée. L'année dernière, 145 commerces montréalais ont été fermés par l'inspecteur en fonction, au moment même de la visite. C'est une hausse de 28 % et un nombre record.

PERDRE SON PERMIS 

Certaines infractions sont plus graves que d'autres, explique Myrta Mantzavrakos. Lorsqu'elles concernent des articles qui peuvent menacer directement la santé des consommateurs, les inspecteurs sont plus sévères. Un établissement qui a cinq poursuites en 18 mois perd son permis temporairement. L'année dernière, huit commerces ont subi ce sort sur l'île de Montréal. Ce sont : Vincent Sous-Marins (3855, rue Sainte-Catherine Est), La Québécoise Hot Dog (3520, rue Ontario Est), L'euromarché Latina (11847, boulevard Laurentien), Lahmadjounes (420, rue Faillon), le restaurant Ethan (72, rue de la Gauchetière Ouest), le supermarché L'Olivier (234, rue Jean-Talon Est), la pâtisserie Motta (303, avenue Mozart Est) et Sadys (506, rue Liège Est), qui a changé de propriétaire depuis.

LES CONSOMMATEURS SE PLAIGNENT 

Autre constat : l'année dernière, le nombre de plaintes des consommateurs a augmenté de 14 %, en comparaison à 2015. Les causes des plaintes sont très variées, explique Myrta Mantzavrakos, chef de la Division de l'inspection des aliments à la Ville de Montréal. Cela va des toilettes malpropres aux aliments à l'allure douteuse. « Les plaintes urgentes sont traitées en 24 heures, explique Mme Mantzavrakos. Et le plaignant a droit à un suivi. » Certains citoyens sont devenus des habitués de la ligne de plaintes de la Division des inspections des aliments. L'année dernière, la Ville a reçu 1999 plaintes, dont 648 concernant de possibles toxi-infections.

LES ALIMENTS LES PLUS DANGEREUX

Lorsqu'il est question d'empoisonnement alimentaire potentiel, les inspecteurs vont investiguer avec le consommateur qui a été malade et chercher des échantillons de nourriture. Selon les rapports de leur laboratoire, les charcuteries, l'houmous, les tartares de viande et de poisson et le poulet cuit sont les aliments dont les résultats sont le plus souvent non conformes. Les inspecteurs de la Ville ont prélevé 3445 échantillons d'aliments en 2016.

DES COMMERCES CIBLÉS

Les inspecteurs de la Ville visitent les commerces où le risque est plus élevé, car il y a manipulation d'aliments. Les restaurants, évidemment, mais aussi les épiceries, boucheries et traiteurs où des aliments et repas sont préparés sur place. La Ville fait aussi des inspections dans les résidences pour personnes âgées ou malades, car la population y est plus fragile. À l'inverse, un dépanneur où l'on ne vend que des aliments emballés verra moins souvent les inspecteurs, explique Myrta Mantzavrakos. Au total, la Ville de Montréal procède à un minimum de 900 inspections par mois.