Les ratés connus cet hiver dans les opérations de l'enlèvement de la neige dans l'arrondissement du Sud-Ouest étaient prévisibles, estime l'Association des entrepreneurs en déneigement du Québec. Celle-ci dit avoir identifié plusieurs problèmes dans la nouvelle politique neige de Montréal qu'elle espère voir corrigés.

« Nous ne voulons jeter le blâme sur personne, mais nous savions que cette situation risquait de survenir», a réagi Mario Trudeau, directeur général de l'organisation. Il réagissait ainsi à la décision de la Ville d'annuler le contrat de Pavage D'Amour à la fin de la saison en raison de ses difficultés dans le déneigement des rues du Sud-Ouest.

L'Association estime que la nouvelle politique neige adoptée l'an dernier par l'administration Coderre expose la métropole à un plus grand risque lors des hivers plus rigoureux. Elle demande une amélioration du processus d'appels d'offres de la Ville pour éliminer ces irritants. «Je comprends que le but est d'avoir les plus bas prix, mais ce n'est pas sans risque», dit M. Trudeau.

D'abord, l'organisation déplore que Montréal ne prenne plus en considération la quantité de neige tombant, comme c'était le cas par le passé. Les entrepreneurs touchent désormais un montant forfaitaire pour déblayer les rues. «S'il tombe 300 cm de neige, il va être payé pour 200 cm quand même», dit M. Trudeau.

L'Association note également que la Ville a réduit le nombre minimal d'appareils à posséder, «ce qui augmente le risque qu'un entrepreneur soumissionne à bas prix sans avoir la capacité de rendre le service adéquatement à certains endroits».

Les déneigeurs déplorent aussi la standardisation des appels d'offres à la grandeur de l'île alors que chaque arrondissement présente des particularités propres. «Ce n'est pas vrai que c'est pareil déneiger Ville-Marie, Pointe-Saint-Charles ou Rivière-des-Prairies», dit M. Trudeau. La Ville a d'ailleurs reconnu hier que Pavage D'Amour avait de l'expérience dans certains quartiers de l'ouest de l'île, mais en était à son premier mandat dans un secteur plus dense comme le Sud-Ouest.

L'Association déplore aussi que l'expérience et l'historique des entrepreneurs ne soient pas pris en compte. Elle y voit un signe que la priorité est avant tout accordée au prix plutôt qu'à la qualité des services.

Explication de la Ville

La Ville de Montréal réplique que l'Association fait fausse route en tirant ses conclusions à partir du seul cas de Pavage D'Amour. «Le nouveau processus mis en place nous a permis de faire 20 contrats avec 12 entrepreneurs, alors de là à généraliser... Disons qu'on a un cas d'exception sur 12», a réagi Philippe Sabourin, porte-parole de la métropole.

Si ses appels d'offres ne précisent plus le nombre d'appareils que les entrepreneurs doivent aligner, Montréal explique qu'elle a plutôt décidé de miser sur des cibles à atteindre. C'est d'ailleurs pourquoi l'entrepreneur du Sud-Ouest a reçu pour 151 000$ d'amendes depuis le début de l'hiver. Il en a aussi reçu pour 89 000$ dans Ahuntsic-Cartierville.

Montréal ajoute que, plutôt que prévoir un nombre de véhicules, ses nouvelles pratiques prévoient des normes de service à atteindre. La Ville précise que l'objectif de la politique était d'harmoniser le niveau de service à travers la Ville.