Pour éviter de trébucher avec son projet de trottoirs chauffants dans la rue Sainte-Catherine, la Ville de Montréal enverra une délégation en mission dans trois capitales nordiques dotées de tels systèmes le long de leurs artères commerciales.

La facture des trottoirs chauffants de la rue Sainte-Catherine devant osciller entre 20 et 30 millions, l'administration Coderre a décidé de ne pas prendre de risque et veut apprendre des erreurs des villes ayant aménagé de tels systèmes. «On n'est pas en mode essai et erreur. Avant de s'engager, il faut que notre niveau de confiance soit au maximum», dit Pierre Desrochers, qui préside le comité exécutif de Montréal.

Faciliter le déneigement et séduire les visiteurs

Le bras droit du maire Coderre partira ainsi en mission exploratoire du 4 au 11 février afin de visiter les villes d'Oslo (Norvège), Helsinki (Finlande) et Reykjavik (Islande). L'élu sera accompagné d'un ingénieur, d'un architecte, ainsi que d'un employé de l'arrondissement de Ville-Marie qui sera responsable de l'entretien du système.

Ce voyage s'inscrit dans le projet de réfection de la rue Sainte-Catherine Ouest, chantier de 95 millions -sans compter les trottoirs chauffants- qui doit démarrer en 2018. Montréal a en effet annoncé il y a deux ans son intention d'aménager un système pour faire fondre la neige et la glace afin de faciliter l'entretien de l'artère ainsi que d'améliorer l'expérience des visiteurs dans la principale artère commerciale de la métropole.

Un groupe d'ingénieurs montréalais s'est déjà rendu à Holland, au Michigan, qui dispose d'un tel système. Il a toutefois été décidé d'organiser cette mission en pays nordiques pour voir comment les trottoirs chauffants fonctionnent à grande échelle.

La principale artère d'Oslo, Karl Johans gate, une rue piétonne, est dotée de trottoirs chauffants depuis de nombreuses années. Les trottoirs des artères commerciales du centre-ville d'Helsinki sont aussi chauffés.

L'expérience islandaise

C'est toutefois probablement la capitale islandaise, Reykjavik, qui a la plus longue expérience avec les trottoirs chauffants.

IMAGE FOURNIE PAR LA VILLE DE MONTRÉAL

La réfection de la rue Sainte-Catherine Ouest est un chantier de 95 millions -sans compter les trottoirs chauffants- qui doit démarrer en 2018.

L'Islande, qui utilise la géothermie depuis les années 30 pour chauffer ses maisons, a entrepris depuis une vingtaine d'années d'en étendre l'utilisation à ses trottoirs pour faire fondre la neige l'hiver. Le ministère islandais de l'Énergie rapporte qu'environ 50 000 m2 de trottoirs sont chauffés au centre-ville de Reykjavik, grâce à de l'eau chaude circulant dans des tubes sous la surface des trottoirs.

En plus de visiter les artères dotées de trottoirs chauffants, la délégation montréalaise doit rencontrer divers élus municipaux, ingénieurs, entrepreneurs et responsables de l'entretien de ces systèmes. Montréal veut ainsi « s'inspirer des meilleures pratiques et innovations technologiques liées à la vie nordique ». Pierre Desrochers entend aussi mieux évaluer l'impact sur les commerces de la présence des trottoirs chauffants.

Même si le projet de la rue Sainte-Catherine est bien avancé, le bras droit du maire assure qu'il est toujours possible de l'abandonner si la délégation devait découvrir que l'idée n'est pas si avantageuse ou difficilement exportable. « On ne rentrera pas dans un mur. On ne le fera pas si on réalise que c'est inacceptable. »