Une rupture importante de conduite d'eau survenue hier a touché 100 000 Montréalais, illustrant à nouveau la désuétude des infrastructures souterraines de la métropole. Une inspection des conduites du même type réalisée au cours des dernières années a révélé que le quart d'entre elles montraient des signes avancés de dégradation.

Un peu avant midi, hier, la Ville de Montréal a été informée qu'une importante fuite d'eau s'était produite dans le stationnement d'un concessionnaire automobile de Saint-Léonard. Celle-ci est attribuable à la rupture d'une des principales conduites d'eau alimentant le nord-est de l'île. La cause précise du bris n'est pas encore connue.

Installée il y a 45 ans, la conduite avait été inspectée pour la dernière fois en 2008. Aucun signe de détérioration n'ayant été détecté à l'époque, la prochaine auscultation était prévue seulement en 2018.

La fuite n'a pas entraîné d'avis d'ébullition, mais environ 100 000 Montréalais subiront des baisses de pression le temps que celle-ci soit réparée. Il s'agit des 42 000 citoyens d'Anjou, des 58 000 résidants de Rivières-des-Prairies vivant au nord de l'A40, ainsi qu'un petit secteur de Montréal-Est. Même si la fuite est survenue près de Saint-Léonard et de Montréal-Nord, leurs citoyens ne seront pas touchés.

L'incident n'a pas eu d'impact sur la circulation automobile, tout comme il n'a pas interrompu le service sur le train de l'Est, qui passe tout près. « Une inspection a été faite et il n'y a pas d'impact sur les rails. On surveille la situation de près », a indiqué une porte-parole de l'Agence métropolitaine de transport, Caroline Julie Fortin.

Le tuyau ayant cédé est une conduite en béton précontraint qui tient en place grâce à un cylindre d'acier, appelée C-301. Ce câble est sans revêtement de protection et est ainsi à risque de corrosion. Or, lorsqu'il se brise, cela peut entraîner une importante rupture du tuyau.

Montréal peut se compter chanceux que la rupture d'hier n'ait pas eu de conséquences plus fâcheuses, puisque des bris similaires ont provoqué des dommages majeurs dans le passé. Ce sont ces conduites qui étaient responsables des fuites importantes survenues sur le boulevard Pie-IX en 2002 et sur l'autoroute Décarie en 2014.

Inspections resserrées

Ces conduites étant jugées à risque, Montréal a décidé d'en resserrer la surveillance depuis quelques années. Au cours des trois dernières années, la métropole a ciblé 16 km de conduites endommagées sur les 63 km inspectés. Celles-ci ont dû être inspectées à deux reprises « considérant les résultats montrant un pourcentage plus élevé de tuyaux avec câbles brisés lors de la première auscultation ».

Le hasard veut d'ailleurs que les élus municipaux aient accordé lundi soir un contrat de 3,5 millions pour l'auscultation de 45 km supplémentaires de conduites. Il s'agit d'une inspection électromagnétique, technique jugée la plus efficace selon une étude de l'Agence de protection environnementale des États-Unis. Ne disposant toutefois pas de cette technologie, Montréal doit avoir recours à une entreprise privée, Technologies Pure Canada. L'entreprise vient ainsi de décrocher un nouveau contrat de trois ans afin d'inspecter 45 km de ces conduites.

Cette campagne d'auscultation doit permettre de déterminer combien de câbles sont brisés sur chaque tuyau de 7 mètres, afin d'évaluer l'état des conduites. « La réparation des conduites endommagées contribuera à la diminution des bris sur le réseau et à assurer une gestion responsable des ressources », explique la Ville.