Au terme d'une longue et houleuse assemblée générale, les cols bleus montréalais ont désavoué par une mince majorité leur présidente Chantal Racette, contestée pour avoir fait espionner deux membres de l'exécutif syndical en installant un appareil GPS sur leur voiture personnelle.

Pourtant, à sa sortie de l'assemblée samedi après-midi, la présidente du Syndicat des Cols bleus regroupés de Montréal avait laissé entendre aux médias avoir obtenu la confiance des syndiqués, avant de s'éclipser en vitesse. «C'est une grosse assemblée, je suis un peu fatiguée», a-t-elle conclu. 

Ainsi, une mince majorité de cols bleus présents samedi à l'église Sainte-Arsène a voté contre une motion intitulée «Nous réitérons notre confiance envers nos dirigeants syndicaux». Le déroulement de l'assemblée s'est d'ailleurs déroulé dans le tumulte, ont confié des cols bleus à La Presse. Ce vote symbolique s'est déroulé par scrutin secret. 

Jean Lapierre, le mentor et prédécesseur de Chantal Racette a pour sa part affirmé que l'exécutif allait «réfléchir pour l'avenir» à la suite de ce résultat.  «La majorité a parlé. 50,6 % [des membres] n'ont pas donné leur appui à l'ensemble de l'exécutif, toutes allégeances confondues. La résolution n'a pas force de loi ou de statut, mais la présidente va [en] prendre acte dans ses réflexions et ses façons de faire pour l'avenir», a-t-il déclaré en mêlée de presse.

Toutefois, Jean Lapierre s'est ensuite contredit en déclarant aux journalistes que les cols bleus avaient plutôt voté contre la tenue d'un vote de confiance à l'égard de la direction du syndicat. Le porte-parole de Chantal Racette n'avait pas rappelé La Presse samedi soir pour expliquer cette confusion. 

Les débats ont été houleux samedi dans l'église du quartier Rosemont, au point où des policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ont dû intervenir à un moment. «Il y a du monde qui ont tenté de provoquer. Ils voulaient médiatiser un drame, ce qui n'a pas eu lieu. La sécurité a bien fait la job. Il n'y a peu eu de dérapage. Non, il n'y a pas eu de bataille, mais il y a eu de la provocation qui aurait pu virer en bataille si la présidente et la sécurité n'avaient pas été fermes», a soutenu Jean Lapierre, président du Syndicat des cols bleus de 1985 à 2003. 

Chantal Racette a récemment fait espionner deux membres de l'exécutif syndical en posant un dispositif de géolocalisation sur leur voiture afin de vérifier la véracité de leur rapport de déplacement, a confirmé Jean Lapierre. Ce geste a provoqué la grogne des cols bleus de l'ouest de l'île de Montréal, ce qui a provoqué cette assemblée générale exceptionnelle. 

«Ce n'était pas un GPS, c'était une clé USB à mémoire de localisation. Ce n'est pas une filature en continu. Tu mets ça après le véhicule, tu la reprends après 10 jours et tu compares avec les rapports [...] C'est pas Big Brother, ce n'est pas une compagnie privée qui te suit à temps plein jour et nuit, sept jours par semaine, comme la Ville le fait», explique Jean Lapierre. Le célèbre syndicaliste ajoute que Chantale Racette avait admis avoir fait une «erreur qu'elle ne répètera pas».