Désinfecter les eaux usées de Montréal coûtera beaucoup plus cher que prévu. La facture évaluée à 210 millions en 2005 a été révisée à 375 millions, soit près du double.

La Ville de Montréal a fait le point hier sur son projet d'ozonation de ses eaux usées, technique retenue pour désinfecter ses rejets prenant la direction du fleuve Saint-Laurent, la chloration étant interdite depuis 1978. Les estimations initiales réalisées au début du projet avaient oublié de prévoir la construction de plusieurs bâtiments, ce qui a contribué à faire gonfler la facture de 67 millions.

Le coût pour construire l'unité d'ozonation a aussi augmenté de 20 %, soit une hausse de 40 millions. Depuis l'évaluation faite en 2005, l'inflation a également augmenté de 17 %, contribuant à alourdir la facture de 34 millions. Enfin, Hydro-Québec doit aussi aménager un poste électrique pour assurer l'alimentation de la station, ce qui coûtera 24 millions.

À noter, seulement 30 % de l'ingénierie ayant été réalisée à ce jour, Montréal évalue que la facture pourrait varier encore de 20 %.

Montréal indique que 70 % de la facture sera couverte par des subventions des gouvernements fédéral et provincial. La Ville devra ainsi payer 30 % de la note.

ÉLIMINER LES CONTAMINANTS

L'ozonation permettra d'assainir considérablement les eaux usées rejetées dans le fleuve par Montréal. Ce procédé permet de réduire de 96 % à 99 % les virus et bactéries, comme les coliformes fécaux. De nombreux contaminants sont aussi éliminés en grande partie, comme les antidépresseurs, les anti-inflammatoires et les antibiotiques. Lors d'un test en laboratoire sur des truites, 12 % des poissons exposés aux eaux usées de Montréal non traitées sont morts. Le taux de mortalité est tombé à zéro en désinfectant l'eau à l'ozone.

La mise en service du système doit débuter en 2018 et celui-ci sera pleinement fonctionnel en 2019. L'usine fonctionnera 12 mois par année, plutôt que 6 mois, comme prévu à l'origine. Le conseiller de la Ville Sylvain Ouellet, de Projet Montréal, se réjouit de cette décision. Il déplore toutefois que Montréal ait dû attendre la controverse sur le déversement de ses eaux usées - surnommée « flushgate » - pour réaliser l'importance de désinfecter ses rejets en tout temps.