La mort tragique d'une cycliste happée lundi par un camion - la deuxième à survenir cet été à Montréal - relance une fois de plus le débat sur les mesures de sécurité à prendre pour éviter ce genre de drame. Caméras d'angle mort sur les camions neufs, protections latérales obligatoires, «sas» de sécurité pour vélos. La classe politique cherche une solution.

«Il faut que ça cesse, ces morts sur nos routes. Il est temps que ça change. Il faut que la classe politique se mobilise pour éviter la répétition de ces drames», plaide le député néo-démocrate de Rosemont-La Petite-Patrie, Alexandre Boulerice. Son parti songe à déposer une fois de plus un projet de loi indépendant qui obligerait les camions lourds à être munis de protections latérales, aussi appelées « jupettes », partout au Canada. Le NPD a tenté trois fois par le passé de faire adopter une telle réglementation, mais en vain. 

«Si on peut avoir la collaboration des députés libéraux cette fois-ci, peut-être qu'on pourra agir bientôt.» - Alexandre Boulerice, député néo-démocrate de Rosemont-La Petite-Patrie

L'accident mortel est survenu dans sa circonscription, à l'intersection du boulevard Rosemont et de la rue D'Iberville. Le camion et la cycliste, Justine Charland St-Amour, se sont retrouvés au même feu rouge, rue D'Iberville en direction nord. Le vélo a été heurté lorsque le feu a tourné au vert et que le camion a tourné à droite sur Rosemont. Tout porte à croire que le conducteur n'a pas vu la cycliste dans son angle mort.

En 2010, le Conseil national de recherches du Canada a mené une étude sur l'efficacité des barrières rigides installées sur le bas des remorques de camions, qui pourraient empêcher que les cyclistes et les piétons ne se retrouvent sous les roues des véhicules dans de telles circonstances. «L'efficacité de ces barrières latérales sur les véhicules lourds a été démontrée dans une étude britannique, qui a rapporté une réduction significative du nombre de décès parmi les cyclistes depuis l'introduction de ces dispositifs», indique le rapport. «Il n'est toutefois pas clair si des barrières peuvent réduire le nombre de morts et de blessés graves ou si elles modifieront tout simplement la façon dont les décès ou les blessures graves se produiront», poursuit le document.

«On est en retard»

Appelé à réagir, le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, a transmis à La Presse le résumé d'une étude portant sur 80 accidents survenus entre 2000 et 2014 impliquant des «usagers de la route vulnérables» et de gros véhicules commerciaux. «À la lumière des recherches, Transports Canada n'a pas trouvé suffisamment de preuves pour adopter des règles mettant en place des exigences d'installation de protections latérales. Le Ministère étudie d'autres solutions possibles, dont les technologies de prévention des collisions, qui pourraient avoir des répercussions plus importantes sur un plus large éventail de scénarios de collisions», précise la porte-parole du ministre, Delphine Denis.

Luc Ferrandez, porte-parole de l'opposition à l'hôtel de ville de Montréal, ne se satisfait pas de ces réponses. Il demande au maire Denis Coderre d'aborder la question de façon urgente avec le ministre Garneau lors d'une rencontre prévue demain. «Si on appliquait ces mêmes règles à l'industrie de la construction, ça voudrait dire que plus personne ne se promènerait avec des harnais de sécurité sur le bord des édifices. Si on appliquait ça dans les manufactures, ça voudrait dire qu'il n'y aurait plus de mécanismes pour empêcher les doigts d'aller dans la machinerie. C'est terrible, on est en retard et le maire Coderre est le maire de tous ces citoyens qui meurent», a-t-il déclaré.

- Avec Daphné Cameron, La Presse