Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a dépensé plus de 27 400 $ pour être accompagnée par une firme de relations publiques dans le cadre de la restructuration de son service des communications, dont 16 700 $ ont été réservés pour gérer la crise médiatique entourant le départ du responsable des communications, le commandant Ian Lafrenière.

Selon des dossiers décisionnels de la Ville de Montréal obtenus par La Presse, la firme Citoyen Optimum a obtenu le mandat, qui a été scindé en trois contrats (3622 $, 7042 $, 16 778 $). Généralement, la Ville doit aller en appel d'offres lorsqu'un contrat dépasse le seuil de 25 000 $.

En juin dernier, le chef de police Philippe Pichet a eu une rencontre informelle avec quelques journalistes triés sur le volet pour leur annoncer que le SPVM apportait d'importants changements à son image publique en rapatriant le service des communications au sein de son cabinet. Du même coup, il annonçait que l'un des visages les plus connus de l'organisation, le porte-parole Ian Lafrenière, serait remplacé par la commandante Marie-Claude Dandenault, qui était jusqu'alors en poste à l'unité aéroportuaire de Dorval. Deux postes de cadre ont aussi été créés et seront bientôt pourvus par des civils.

Cette affaire avait fait couler beaucoup d'encre. Au lendemain de cette annonce, plusieurs commentateurs avaient dit craindre le départ de Ian Lafrenière et assuré que l'annonce de la restructuration se traduirait par une diminution de la transparence de la part du corps policier.

Le président de la Fraternité des policiers, Yves Francoeur, qualifie pour sa part cette dépense «d'injustifiable dans les circonstances».

«Il manque de ressources partout sur le terrain et on refuse d'en envoyer faute de budget, et là, on dépense plus de 25 000 $ pour essayer de sauver la face du directeur du SPVM dans une commande de l'hôtel de ville.» - Yves Francoeur, président de la Fraternité des policiers, lors d'une entrevue téléphonique accordée hier

L'assistant-directeur du SPVM, Jean-Ernest Célestin, affirme qu'il fallait plutôt revoir la structure du service des communications pour la rendre plus efficiente. M. Célestin croit que cette nouvelle structure permettra au SPVM d'être plus stratégique « en amont » des tendances médiatiques et de répondre plus rapidement aux demandes médiatiques, qui se chiffrent à 20 000 en moyenne par année.

Depuis la nomination du nouveau chef de police, des démarches de «benchmarking» ont été entreprises, dit-il. «Nous voulions avoir une organisation du travail plus pro-active, planifier la police du futur. C'est en ce sens que nous sommes allés chercher les services de Citoyen Optimum pour nous accompagner dans ce sens-là.»

Le SPVM voulait aussi travailler la «gestion de son image de marque» et aller chercher une meilleure «planification stratégique».

La Ville de Montréal n'a pas répondu à nos questions, nous renvoyant plutôt au SPVM.