Un rapport préparé par un groupe d'élus de Montréal suggère à la métropole de cesser d'offrir à ses employés des stationnements gratuits afin de les inciter à délaisser leur voiture au profit des transports en commun.

Montréal voulant donner l'exemple sur l'utilisation des transports collectifs, le Conseil municipal avait demandé en mars 2015 à la Commission sur le transport d'étudier des façons d'encourager les employés à délaisser leur voiture pour se rendre au travail. Après plus d'un an de travaux, ce groupe composé d'élus constate que « la disponibilité d'un stationnement gratuit incite à l'utilisation de l'auto solo dans les déplacements domicile-travail, au point de rendre les mesures incitatives peu efficaces ».

Dans son rapport qui sera présenté aux élus lors du conseil municipal de demain, la Commission propose de « resserrer la gestion des privilèges de stationnement des employés ». Constatant que plusieurs conventions collectives prévoient un stationnement, le groupe suggère d'abolir ces dispositions lors des prochaines négociations.

Le défi est de taille. La Ville compte 28 000 employés qui travaillent dans pas moins de 1800 immeubles différents (près de 1500 lui appartenant et 300 étant loués). Les travaux de la Commission ont établi que la majorité des employés de Montréal résident à proximité du réseau de transports en commun, mais que leur lieu de travail n'est pas pour autant desservi de façon efficiente. Le rapport souligne que les édifices municipaux devraient être situés près des transports en commun.

Idéalement, les lieux d'emplois devraient même être situés dans un rayon de 10 minutes de marche d'une station de métro. Pour pleinement encourager les transports actifs, on suggère d'« installer du stationnement pour vélos, des douches et des casiers ».

Et pour réduire le besoin d'utiliser une voiture pendant la journée de travail, le groupe propose de « regrouper le plus possible les employés au sein d'un même lieu afin de diminuer le temps de transport entre différents immeubles ».

Durant leurs travaux, les élus ont constaté que la Ville ignorait comment ses employés se rendaient au travail et si des unités encourageaient leurs employés à emprunter les transports en commun.

Le rapport note qu'une partie des employés de la Ville est tenue d'utiliser sa voiture personnelle dans le cadre de ses fonctions. Ceux-ci reçoivent une allocation ou un remboursement de leurs déplacements. Les vérifications ont ainsi permis d'établir que 828 employés recevaient une allocation automobile (sur quelque 28 000 employés).

Pour les employés recevant une allocation, les élus proposent de comparer la note à celle liée à l'utilisation de solutions de rechange, comme l'autopartage et les véhicules en libre-service. La Commission propose aussi d'« éliminer l'allocation automobile de base et [d']opter pour un remboursement uniquement basé sur le kilométrage parcouru ».

STATIONNEMENT GRATUIT POUR LES ÉLUS

Parmi les mesures proposées, les élus estiment que Montréal devrait profiter de l'embauche de nouveaux employés ou des changements de postes pour les inciter à délaisser l'auto pour un autre mode de transport.

À noter, les élus reçoivent eux-mêmes un stationnement gratuit près de l'hôtel de ville durant leur mandat. Le rapport ne précise pas quelle proportion des élus utilisent les transports en commun pour se rendre au travail, cet édifice du Vieux-Montréal étant à proximité d'une station de métro.

Les élus suggèrent aussi de lancer un projet-pilote de « Parking Cash-Out ». Il s'agit d'un concept utilisé par certains employeurs qui consiste à offrir une compensation à des employés acceptant de renoncer à leur stationnement gratuit. La compensation correspond habituellement au coût du stationnement pour l'employeur.