Malgré la forte controverse, le maire Denis Coderre refuse de reculer sur le changement de nom du parc de Vimy. Il se défend de faire preuve «d'amnésie historique», disant simplement vouloir honorer la mémoire de l'homme d'exception qu'était l'ex-premier ministre Jacques Parizeau.

Le maire a défendu bec et ongle la décision de renommer le parc de Vimy, rappelant qu'elle avait été suggérée par la Société d'histoire d'Outremont. «Je comprends que ce soit sensible, mais l'idée n'est pas de débaptiser un parc, c'est d'honorer quelqu'un qui vivait là», a dit Denis Coderre. Il a insisté pour dire que l'avenue de Vimy bordant le parc continuerait à s'appeler ainsi et qu'il n'était pas question de la rebaptiser.

Denis Coderre refuse qu'on associe son geste à un appui au projet d'indépendance du Québec, lui qui a toujours oeuvré au sein d'un parti fédéraliste. «On n'embarquera pas dans le débat souverainiste versus fédéraliste. On s'entend que lui et moi ne nous entendions pas sur ce point. Il faut au moins reconnaître l'importance de l'homme», a-t-il dit lors d'une mêlée de presse.

Le maire a aussi répondu à l'ancien premier ministre de l'Ontario, qui a qualifié «d'insulte pure et simple» le changement de nom. «Bob Rae me connaît et sait que ce n'est pas une insulte ou de l'amnésie historique», a dit Denis Coderre.

Disant lui-même avoir visité la ville de Vimy, le maire a assuré que Montréal comptait célébrer le centenaire de cette mythique bataille en 2017 et que plusieurs événements du 375e anniversaire de la fondation de la métropole seraient dédiés aux anciens combattants.

La bataille de Vimy s'est déroulée en avril 1917 sur la crête de cette ville française. Tout près de 3600 soldats canadiens sont morts et environ 7000 ont été blessés dans les combats durant lesquels les forces canadiennes ont réussi à déloger les troupes allemandes.

Le maire a par ailleurs indiqué que Montréal regardait aussi pour donner le nom de Jacques Parizeau à une rue importante, mais qu'il ne voulait pas oublier son objectif d'augmenter la présence de femmes dans la toponymie montréalaise, elles qui sont largement sous-représentées.

«On regarde ce qu'on peut faire comme Ville, mais une de mes priorités est d'assurer une plus grande parité pour les femmes», a-t-il dit. Il a rappelé qu'il avait retiré le nom de Claude Jutra, qu'il appelle simplement «l'ancien cinéaste», pour nommer la chef d'orchestre Ethel Stark.

Le conseiller municipal Marvin Rotrand a d'ores et déjà indiqué qu'il voterait en faveur du changement de nom. «Bien que je comprenne l'émotion que peut susciter un tel changement de nom, je ne crois pas que ce geste soit irrespectueux», a indiqué l'élu.

«J'ai toujours pensé que les remarques de Jacques Parizeau sur l'argent et les votes ethniques étaient disgracieuses, que sa question référendaire était malhonnête, mais sa carrière politique représente beaucoup plus que cela. Il a été un des architectes de la création d'Hydro-Québec, de la Régie des rentes et du Fonds de solidarité», dit Marvin Rotrand.

Le conseiller municipal croit que ce parc est bien choisi pour porter le nom de Jacques Parizeau puisque l'ex-premier ministre a vécu en bordure de celui-ci longtemps et qu'une stèle y commémore la vie de sa femme.