Il est impossible d'être entièrement prêts à faire face à un massacre comme celui d'Orlando, mais les policiers de Montréal sont bien formés pour réagir, assure un grand patron du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

«Le réflexe est là», explique le directeur adjoint Fady Dagher. «Depuis la fusillade à Dawson, tous nos policiers de première ligne passent à travers une formation en situation de tireur actif», ajoute-t-il.

En octobre 2015, une simulation de grande envergure s'est déroulée à plusieurs endroits à Montréal dans le but de préparer les forces policières à des situations multiples comme celles survenues lors des attentats de Paris. «Les policiers ont dû réagir dans une situation de tireur actif dans les rues du centre-ville de Montréal pendant que dans l'île Sainte-Hélène se déroulait une situation de prise d'otages à la bombe chimique dans un autobus.» Il ajoute que 80 policiers ont récemment été formés afin de reconnaître les comportements de radicalisation pouvant mener à la violence.

Un bar gai augmente la sécurité

Le Village gai de Montréal n'est pas à la veille de se transformer en forteresse, mais au moins un bar entend renforcer ses mesures de sécurité pour réduire les risques qu'un imitateur décide de s'inspirer de la tuerie qui a fait 49 morts dans un bar gai d'Orlando.

Le Sky, un établissement qui accueille jusqu'à 2000 clients certains soirs, augmentera dès jeudi le nombre d'agents de sécurité qui patrouillent dans les lieux. «On en a 12 d'habitude et on va en avoir environ 3 de plus», dit Peter Sergakis, propriétaire de ce complexe de la rue Sainte-Catherine Est qui s'étend sur trois niveaux.

Les agents en poste maintiendront la pratique déjà en place de fouiller la clientèle, à la recherche d'alcool ou d'armes blanches. «On va augmenter la sécurité pour les prochains mois, afin de rassurer la clientèle. On va être encore plus vigilants pour détecter toute anomalie.»

L'attentat commis en Floride inquiète ce vétéran de la scène nocturne montréalaise, mais il doute tout de même qu'un tel scénario puisse se produire au Québec. «Les armes à feu sont beaucoup plus disponibles aux États-Unis et il y a beaucoup de monde qui n'aime pas les Américains à cause de leurs implications ailleurs dans le monde. Les chances sont très minimes que ça arrive ici.» D'autant plus, ajoute-t-il, que les Montréalais font preuve d'une grande ouverture envers la communauté gaie. «Les gais et les straights vivent en harmonie.»

Défilé surveillé

Les activités de Fierté Montréal, notamment le défilé qui aura lieu cette année le 14 août, ne seront pas perturbées, assure de son côté le président de l'événement, Éric Pineault. L'organisation collabore déjà étroitement avec le SPVM. «Tout le parcours est filmé et relié au centre de commandement de la police. On peut résoudre toute situation en temps réel», dit-il.

Des centaines de policiers en uniforme et en civil patrouilleront comme d'habitude sur le boulevard René-Lévesque, en plus d'une cinquantaine d'agents de sécurité embauchés par Fierté Montréal. La Sûreté du Québec sera aussi sur les lieux, en raison de la présence de plusieurs ministres du gouvernement Couillard, tandis que la Gendarmerie royale du Canada accompagnera le premier ministre Justin Trudeau.

Fady Dagher affirme que le défilé est déjà un événement où le niveau de vigilance du SPVM est plus élevé, tout comme le Grand Prix et le Festival de jazz. Il ajoute qu'aujourd'hui, les policiers du poste de quartier 22, situé dans le Village, vont rencontrer des organismes et des leaders de la communauté pour prendre leur pouls à la suite des événements d'Orlando.

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Le réseau de la santé se prépare

Depuis environ cinq ans, le réseau de la santé du Québec se prépare à faire face à une tragédie de l'ampleur de celle survenue à Orlando le week-end dernier. Michel Garceau, coordonnateur régional des mesures d'urgence, de la sécurité civile et des liaisons avec les salles d'urgence pour le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal, explique que les hôpitaux de la province adoptent «l'approche tout-risque» en matière de gestion des mesures d'urgence. «On se prépare à tout», dit-il. Chaque année, des simulations sont organisées dans différents établissements du réseau. «Plusieurs stratégies sont testées. Le secteur du préhospitalier se prépare par exemple à prendre en charge plusieurs victimes», note M. Garceau. Le secteur hospitalier a quant à lui l'occasion de se préparer à une réception massive de blessés. Le suivi psychosocial des patients est aussi planifié. «En plus des simulations, on fait des exercices de table et on donne des formations dans les établissements pour se préparer à la réception massive de blessés», dit-il.

Le défilé torontois dédié aux victimes

L'attentat de dimanche est survenu alors que les festivités de Pride Toronto battent leur plein dans la Ville Reine. Le défilé du 3 juillet, point culminant des festivités, sera dédié aux victimes d'Orlando, a annoncé hier le directeur général de l'organisation, Mathieu Chantelois. «La fusillade n'est pas arrivée juste parce que c'était aux États-Unis ou parce que le tueur était musulman, mais parce que les victimes étaient gaies, a-t-il dit en entrevue. C'est arrivé à Orlando, mais ça peut arriver n'importe où dans le monde.» Toronto a organisé le World Pride il y a deux ans et a donc «un plan de sécurité très robuste », souligne M. Chantelois, qui a rencontré hier les autorités torontoises. Le chef de police a promis plus de policiers, s'est-il réjoui. «Les fêtes de la Fierté, c'est beaucoup ça : créer des espaces où les gens peuvent se rassembler, être eux-mêmes et célébrer qui ils sont. Si les lieux ne sont potentiellement plus sécuritaires, on a un immense problème. »

Francos : pas de changements

Même si des milliers de personnes convergent vers le Quartier des spectacles pour assister aux FrancoFolies, les mesures de sécurité n'ont pas été renforcées en marge des événements d'Orlando. Un porte-parole de Spectra a indiqué par courriel que les procédures de sécurité habituelles demeurent en vigueur, soit des fouilles de sacs aux différentes entrées et des agents de sécurité qui quadrillent les lieux. Même chose au Centre Bell, où les mesures de sécurité avaient d'ailleurs été rehaussées l'automne dernier, pour respecter les standards prévus dans les amphithéâtres accueillant des matchs de la Ligue nationale de hockey. Les portillons avec détecteurs de métaux sont désormais obligatoires pour tous les visiteurs, et les gens sont plus aux aguets, a assuré une porte-parole d'evenko.

- Avec Ariane Lacoursière et Hugo Meunier, La Presse