Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) espère que l'arrestation de trois hommes soupçonnés de s'être filmés dans les tunnels du métro découragera d'autres explorateurs urbains. « On veut passer le message qu'on n'entre pas comme cela dans le métro en toute impunité », dit l'inspecteur Carole Lalonde.

Jeudi, les enquêteurs de la division métro du SPVM ont procédé à l'arrestation de trois hommes dans la foulée de l'enquête déclenchée par la diffusion d'une vidéo montrant des personnes s'introduire dans les profondeurs du métro. Les motivations des trois hommes, qui comparaîtront le 5 mai, ne sont pas connues, mais il est hautement probable que ceux-ci étaient à la recherche de sensations fortes. Les trois personnes n'avaient pas de dossier criminel.

Depuis plus d'une vingtaine d'années, des aventuriers s'amusent à explorer des lieux abandonnés ou normalement interdits. Le phénomène a pris de l'ampleur à l'ère des réseaux sociaux alors que plusieurs se plaisent à diffuser leurs exploits sur l'internet. Montréal compte d'ailleurs son lot d'adeptes d'« urbex » ou « exploration urbaine ». Des photos diffusées sur les pages de certains Montréalais les montrent perchés en haut de bâtiments bien connus de la métropole ou dans les profondeurs des égouts où ils font pirouetter des pièces pyrotechniques.

UNE ACTIVITÉ RISQUÉE

L'exploration urbaine est toutefois hautement risquée puisqu'elle se pratique souvent dans des lieux abandonnés ou interdits. Certains explorateurs urbains ont payé de leur vie leur passion. Le 31 décembre dernier, un photographe de 24 ans réputé pour ses photographies prises du haut des gratte-ciel new-yorkais, Conner Cummings, est mort en tombant du haut d'un hôtel de 52 étages. En juillet 2010, une jeune femme est tombée du haut d'un silo à grains Bunge à Minneapolis. À Toronto en 2008, un homme de 26 ans est mort après être tombé sur la tête en explorant une usine désaffectée.

« On veut vraiment insister sur le danger pour les personnes. Elles risquent non seulement leur propre sécurité, mais surtout celle des usagers du métro. On veut vraiment décourager les gens de faire cela », dit l'inspecteur Lalonde.

Le SPVM dit avoir réussi à trouver les suspects grâce au vaste réseau de caméras installées dans le métro, les informations fournies par des citoyens et le travail de ses analystes en images qui ont décortiqué la vidéo mise en ligne par les intrus. « Plusieurs pistes ont convergé vers ces trois individus », indique Carole Lalonde.

La responsable de la sécurité dans le métro tient à se faire rassurante : malgré cette intrusion, le métro est sûr. « On ne mesure pas la sécurité dans le métro que par ce type d'intrusion. La criminalité est à la baisse depuis huit ans et les sondages de satisfaction de la clientèle montrent que 90 % se disent en sécurité. » Carole Lalonde ajoute que la STM a pris « très au sérieux » l'intrusion survenue à l'hiver dans son réseau souterrain.