Le Collège des médecins du Québec s'inquiète de «problèmes d'administration et de qualité des soins» dans deux établissements de santé de Montréal. À un point tel que l'ordre a enregistré deux mandats au registre des lobbyistes pour demander au ministre de la Santé Gaétan Barrette d'agir.

Dans un premier mandat rempli le 1er avril dernier, le Collège veut «aviser le ministre de la Santé et des Services sociaux qu'à la suite d'une inspection dans l'un des centres de santé et de services sociaux de la grande région de l'île de Montréal», le Collège a «décelé certains problèmes d'administration et de qualité de soins concernant la prise en charge des patients et la qualité du continuum de soins».

«Le Collège, afin de s'assurer que la population québécoise reçoive une médecine de qualité, désire que le ministre de la Santé prenne une orientation pour que des correctifs soient apportés afin qu'une approche de cogestion basée sur une intégration par imputabilité partagée soit mise en place de manière à améliorer la sécurité et la qualité des soins dans cet établissement», est-il écrit dans le registre des lobbyistes.

La porte-parole du Collège des médecins, Caroline Langis, n'a pas voulu donner plus de détails lorsqu'on l'a questionnée sur l'identité de l'établissement, puisqu'une enquête est toujours en cours. «Malheureusement, le Collège ne peut donner davantage de détails. Comme c'est le cas pour les enquêtes portant sur des médecins, les enquêtes menées sur des établissements de santé sont confidentielles», a-t-elle dit.

La Presse a joint les cinq centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux de l'île de Montréal à ce sujet. Ceux du Centre-Ouest de l'île, du Nord de l'île, du Centre-Sud de l'île et de l'Est de l'île ont tous répondu qu'à leur connaissance, le problème n'est pas chez eux. Le seul à ne pas avoir répondu catégoriquement est le centre de l'Ouest de l'île, qui dit ne pas être au courant pour l'instant mais effectuer des vérifications à ce sujet.

Un autre établissement

Un précédent mandat datant de 2012 et qui prendra fin en décembre 2016 montre aussi que le Collège a un autre établissement de santé dans sa ligne de mire. Dans ce mandat, le Collège dit vouloir «aviser le ministre de la Santé qu'à la suite d'une inspection dans l'un des centres de santé et de services sociaux de la grande région de l'île de Montréal», le Collège a «décelé certains problèmes d'administration et de qualité de soin comme par exemple la prise en charge des patients dans un délai raisonnable». «Donc nous aimerions que le ministre de la Santé prenne une orientation afin de pallier ses problèmes», est-il écrit.

Le Collège des médecins chapeaute un comité d'inspection de 11 membres permanents et 10 membres substituts, placé sous la présidence de la Dre Josée Courchesne, médecine de famille en Montérégie. Le comité a un mandat de surveillance et d'enquête sur l'exercice de la profession médicale.

Barrette au courant

Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, dit avoir rencontré le Collège des médecins relativement à l'une des inscriptions au registre des lobbyistes. Le ministre explique que les ordres professionnels ont le droit d'enquêter sur certains établissements. Par exemple, le Collège des médecins et l'Ordre des infirmières avaient mené une enquête en 2011 sur le département de psychiatrie de l'hôpital de Saint-Jérôme. Le ministre dit attendre le rapport final du Collège pour agir.

Questionnée à savoir pourquoi le Collège a inscrit une demande au registre des lobbyistes alors que les enquêtes sont encore en cours, Mme Langis explique que le Collège des médecins, selon le Code des professions, «relève du ministère de la Justice». «Si on veut demander au ministère de la Santé d'agir, il faut s'enregistrer au registre des lobbyistes», a précisé Mme Langis.

Daniel Labonté, responsable des relations médias au Commissaire au lobbyisme du Québec, confirme que le Collège des médecins est, comme tout autre ordre professionnel, un «organisme sans but lucratif visé par la loi». «Donc, quand le Collège prend contact avec un titulaire de charge publique, il y a obligation légale de s'enregistrer», dit-il.