Des voitures en flammes, un poste de police attaqué, des vitrines de commerces brisées: une manifestation pour dénoncer la mort de Jean-Pierre Bony à la suite d'une intervention policière a complètement dégénéré mercredi soir dans l'arrondissement de Montréal-Nord au terme d'une marche pacifique et d'un rassemblement pour souligner l'anniversaire de Fredy Villanueva.

En toute fin de soirée, au moins cinq voitures, dont quatre sur la rue Arthur-Chevrier, avaient été incendiées par des émeutiers, provoquant des explosions audibles à plusieurs rues de là. C'est sur la rue Arthur-Chevirer que Jean-Pierre Bony a été atteint en plein visage d'une balle de plastique tirée par un policier jeudi dernier. Il est mort à l'hôpital lundi.

À minuit, la tension avait baissé d'un cran dans les rues de Montréal-Nord. Aucune arrestation n'avait été réalisée par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Toutefois, les forces policières étaient toujours déployées sur le terrain, alors que les carcasses des voitures brûlées fumaient toujours.

Personne n'a été blessé pendant la manifestation et l'opération policière, souligne Ian Lafrenière, commandant du SPVM. «Des trouble-fêtes ont profité de l'évènement pour causer des dommages. Ils ont fait des méfaits au poste de quartier. On joue au chat et à la souris avec eux depuis ce temps. Des poubelles ont été incendiées, des véhicules ont été brûlés», explique-t-il.

Le poste de quartier 39 sur le boulevard Henri-Bourassa a été attaqué par une douzaine de manifestants vers 21h30, alors qu'aucun policier ne se trouvait à portée de vue. Les vandales ont brisé des vitrines du poste avec des projectiles et ont vandalisé les murs extérieurs pendant de longues minutes avant que les forces antiémeutes n'interviennent. 

L'intervention des forces du SPVM s'est toutefois limitée à protéger le poste de quartier. La quarantaine de manifestants massés de l'autre côté du boulevard Henri-Bourassa n'ont pas été suivis par les policiers. Quelques agitateurs ont alors allumé un feu dans une succursale de la Banque de Montréal. L'incendie a finalement été contrôlé par les policiers 15 minutes plus tard, avant l'arrivée des pompiers. C'est dans l'heure qui a suivi que les vandales en fuite ont incendié des voitures du quartier.

Pourquoi les policiers ont-ils attendu aussi longtemps pour intervenir? «Le résultat est qu'on n'a pas de blessés. Ce sont des stratégies qu'on garde pour nous», s'est limité à dire le commandant Lafrenière.

Avant d'attaquer le poste de police, les manifestants avaient brisé les fenêtres de nombreux commerces d'un centre commercial situé au coin de la rue Désy et du boulevard Henri-Bourassa. En marchant vers le poste de police, vers 21h, des manifestants ont également vandalisé plusieurs voitures qui se trouvaient sur leur chemin. 

La manifestation avait pourtant commencé dans le calme vers 20h sur la rue Arthur-Chevrier. «[Jean-Pierre] était quelqu'un de gentil, de familial, qui aimait la vie. C'est vraiment une injustice et il faut se tenir debout pour que ça cesse», a lancé Mélissa Juste, la cousine de Jean-Pierre Bony, sous les applaudissements des manifestants qui se sont mis à scander «Justice pour Bony!».

Aucun cas de vandalisme n'avait été commis jusqu'à la toute fin de la marche dans les rues de Montréal-Nord. La situation a pris une toute autre tournure vers 21h quand le groupe de 150 manifestants s'est scindé au parc Henri-Bourassa. 

C'est d'ailleurs dans ce parc que s'était réuni une soixantaine de personnes en début de soirée pour souligner l'anniversaire de naissance du jeune Fredy Villanueva, abattu par un policier du SPVM il y a huit ans.