L'agrile du frêne continue à gagner du terrain sur l'île de Montréal, cet insecte ravageur ayant forcé l'abattage de plus de 13 000 arbres depuis son apparition en 2011. L'administration Coderre se dit « sûre de gagner cette guerre », mais l'opposition croit que l'épidémie décimant le principal arbre sur rue de la métropole est « hors de contrôle ».

À l'automne 2015, Montréal dit avoir détecté 931 arbres infectés par l'agrile du frêne, cet insecte asiatique tuant ces arbres en quelques années seulement. C'est nettement plus que les 572 arbres détectés un an plus tôt.

Seulement l'an dernier, la Ville de Montréal a dû abattre plus de 4300 arbres. La métropole prévoit en couper 3400 autres en 2016 pour freiner la propagation de l'agrile du frêne. C'est plus de 13 000 frênes qui ont ainsi disparu en quatre ans sur les quelques 200 000 sur l'île.

En 2015, c'est dans l'arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve où l'on a dépisté le plus d'arbres infestés (118) et où on a procédé au plus grand nombre d'abattages (924). Cette année, c'est toutefois Ahuntsic-Cartierville qui sera le plus affecté. Pas moins de 124 arbres ont été testés positifs, ce qui mènera à l'abattage de 936 frênes dépérissants.

Contrairement aux années précédentes, Montréal n'a pas produit de carte pour montrer où ont été détectés les arbres infestés par l'agrile. Seule une carte des arbres traités a été produite, permettant de voir que le problème touche tout Montréal, à l'exception de l'île Bizard.

Malgré cette hausse, l'élu responsable de l'environnement au sein de l'administration Coderre, Réal Ménard, voit du positif puisque le nombre d'abattages est en baisse. Rappelons que pour freiner la progression de l'insecte, elle a décidé d'abattre tous les arbres dépérissant dans un rayon de 300 mètres autour des arbres où l'agrile a été détecté. « C'est une guerre qu'on est en train de gagner », a dit l'élu. Fait à souligner, celui-ci est maire de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, le secteur le plus touché par l'agrile du frêne.

L'opposition à l'hôtel de ville voit plutôt dans le bilan 2015 un signe que la prolifération de l'agrile du frêne est hors de contrôle, l'administration Coderre ayant trop tardé à s'attaquer au problème. « Il est maintenant trop tard pour agir efficacement. L'agrile du frêne s'est propagé partout à Montréal. La Ville est désormais forcée d'abattre des milliers d'arbres, qu'elle peine à remplacer », a dénoncé le conseiller Sylvain Ouellet, de Projet Montréal.

Arbres plantés

Pour contrer l'effet de la disparition de ces milliers d'arbres des rues, la métropole dit avoir a planté 11 500 arbres en 2015. Reste que les fosses laissées vacantes par l'Abattage des arbres pourraient demeurer vides quelques années, le remplacement des arbres pouvant être long. Pour éviter à l'avenir qu'un insecte ravageur du type de l'agrile du frêne ne décime la forêt urbaine de Montréal, la métropole a décidé de planter davantage d'arbres d'espèces différentes. Environ 80 essences différentes sont présentement utilisées. « On n'est plus dans les années 1950, c'est fini la monoculture », dit Réal Ménard.

De plus en plus cher

La lutte à l'agrile du frêne coûte de plus en plus cher. De 2 millions en 2012, la facture devrait atteindre les 18 millions en 2016.

Et signe de l'ampleur, la plus grande partie de la facture est désormais empruntée (7 millions en 2015 et 12 millions en 2016) plutôt que payée à même le budget courant de la Ville. Réal Ménard assure qu'il est avisé d'emprunter pour mener la lutte à l'agrile, les arbres pouvant être considérés comme des actifs ayant une valeur, dit-il.

Traiter un seul arbre coûte 200 $. Et ce traitement n'est bon que pour deux ans. Près de 22 000 arbres ont été ainsi traités en 2015.