Même si c'est elle qui a appelé au boycottage, l'Association des Pompiers de Montréal se dit triste de l'annulation des Jeux mondiaux policiers et pompiers de Montréal par le maire Denis Coderre.

La Presse révélait ce matin la décision du maire de renoncer à organiser les Jeux prévus en 2017 à cause de l'appel au boycottage de la part de ses pompiers qui ne cessait de prendre de l'ampleur.

Pour sauver la réputation de Montréal, M Coderre propose à son homologue de Toronto, John Tory, de tenir la compétition qui doit générer des retombées économiques de 100 millions dans la ville reine.

Conflit syndical

À l'automne 2014, les pompiers de Montréal, qui exercent actuellement des moyens de pression, ont demandé à leurs collègues d'ailleurs au pays et dans le monde de ne pas participer à l'événement « en guise de réplique directe aux agressions de la loi 15 sur les régimes de retraite des employés du secteur municipal ; en raison aussi de la dégradation des relations de travail, puis de l'absence de dialogue ouvert entre l'Association des Pompiers de Montréal et le pouvoir politique de l'administration de Montréal».

Pratiquement tous les syndicats de pompiers du Québec ainsi que les principaux syndicats de policiers canadiens ont répondu à l'appel en invitant leurs membres à ne pas prendre part à la compétition. Récemment, d'importants syndicats de pompiers aux États-Unis et en Australie ont eux aussi annoncé leur participation au boycottage, tout comme la Fraternité des policiers de Montréal.

Devant cette succession d'annulations, l'opposition à l'hôtel de ville avait invité Montréal à abandonner l'événement.

« C'est non sans une certaine tristesse que l'Association des Pompiers de Montréal a pris acte, ce matin, de la décision du maire de Montréal», écrit le syndicat dans un communiqué de presse.

« Pour les pompiers de Montréal, une issue de cette nature était devenue incontournable en raison de la multiplication des appuis nationaux et internationaux à l'appel au boycottage. (...) Les pompiers n'avaient pas décidé de gaieté de coeur de lancer cet appel au boycottage, l'Association des Pompiers de Montréal estime que l'intransigeance de l'administration montréalaise avait forcé l'éclosion, dans une sorte d'effet domino, de multiples résolutions d'appui au boycottage, déjà exprimées venant de partout dans le monde, sans compter celles qui étaient sur le point de s'ajouter.»

Vendredi, en entrevue avec La Presse, Denis Coderre a martelé que s'il annule les Jeux « ce n'est pas à cause d'un problème d'organisation, c'est un problème politique ».

Pour éviter d'entacher la réputation de Montréal sur la scène internationale, Denis Coderre s'est entretenu à quelques reprises avec John Tory, ces derniers jours, pour lui proposer de prendre en charge l'événement, ce que ce dernier a accepté d'envisager. Montréal offre de prêter du personnel à Toronto pour faciliter l'organisation. « On va les aider, je ne le laisse pas en plan », dit Denis Coderre.

Montréal a déjà dépensé « quelques millions » pour la tenue de cet événement dont le budget devait être d'un peu plus de 20 millions. Le maire estime que cet argent n'est pas entièrement perdu puisqu'une partie a servi à mettre à jour certaines installations sportives qui devaient servir aux compétitions. Les Montréalais en bénéficieront.

- Avec un texte de Pierre-André Normandin