Les anciens travailleurs d'Aveos ont l'impression d'avoir perdu Denis Coderre comme allié dans leur quête pour retrouver leurs emplois à l'entretien des avions d'Air Canada.

« C'est un vrai cirque », a dit en soupirant Jean Poirier à la sortie du conseil municipal, où plus de 100 travailleurs se sont déplacés hier soir pour demander l'appui du maire Coderre. « Parler et ne rien dire. C'est exactement ça le show qu'on a eu ce soir », a ajouté celui qui représente l'ensemble des 1700 travailleurs montréalais qui ont perdu leur emploi en 2012 lorsqu'Air Canada a sous-traité la maintenance de ses avions à l'étranger.

En échange de sa commande d'avions C Series de Bombardier, Air Canada a obtenu la semaine dernière l'abandon d'un litige entrepris par le gouvernement du Québec dans la foulée de la fermeture d'Aveos. La Cour supérieure puis la Cour d'appel avaient donné raison à Québec, qui plaidait que la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada l'obligeait à maintenir ses centres d'entretien à Montréal, Winnipeg et Toronto.

La semaine dernière, Québec a accepté de mettre fin au litige lorsqu'Air Canada a signalé son intention de commander 45 avions C Series de Bombardier et d'en assurer l'entretien lourd au Québec durant une période de 20 ans.

« Il faut saluer et féliciter Air Canada comme citoyen corporatif », a déclaré le maire de Montréal lors de la période des questions à l'hôtel de ville. « J'ai parlé au premier ministre du Québec et il a toute ma confiance parce que tant qu'il n'y a pas de garanties [d'Air Canada], on va continuer la cause [devant la Cour suprême] », a ajouté le maire.

Jean Poirier déplore un double discours

L'entente entre Québec et Air Canada ne concerne pas les autres types d'avions que possède Air Canada. Les ex-employés d'Aveos espéraient que le maire Coderre les appuie pour demander la reprise de l'entretien de tous les appareils du parc de 300 avions d'Air Canada. « Il n'y a pas personne qui peut vous promettre le retour de 300 avions », a répondu le maire Coderre.

Or, en coulisses, le maire Coderre a indiqué qu'il travaillerait à ramener l'ensemble des emplois d'entretien à Montréal, affirme Jean Poirier. Ce dernier déplore le double discours du maire, d'autant plus qu'en 2012, alors qu'il était député libéral, Denis Coderre était sorti pour participer à une manifestation avec les travailleurs devant le parlement à Ottawa. « Ils essayent de vous fourrer, ils essayent de fourrer Montréal », avait lancé M. Coderre dans un porte-voix à une foule en liesse.

« Aujourd'hui, on sacrifie 3000 jobs à travers le Canada, dont 2000 au Québec, pour un échange de 45 avions qui va apporter des jobs de maintenance quand ? Ce sont des avions neufs, donc il n'y aura pas de maintenance avant 10 ans. Est-ce qu'il va être maire de Montréal dans 10 ans ? Moi, je pense que c'est sous son mandat qu'il faut qu'il travaille », a déploré M. Poirier.

Les employés d'Aveos pensent maintenant à entreprendre leur propre poursuite dans cette affaire.

«  En Cour d'appel, on a cinq juges qui disent de ramener nos emplois. Qui va démolir ça ? Le maire de Montréal ? Le gouvernement provincial ? Le gouvernement fédéral ? Ce n'est plus une cause d'Aveos, c'est une cause d'intérêt public, parce que si on s'attaque à nous, ils vont s'attaquer à tout le monde après ça », a dit M. Poirier.