Les commerces qui ont le bonheur d'être recommandés par les habitués de Trip Advisor ont toutes les raisons du monde de l'afficher dans leurs vitrines. Ils doivent toutefois l'afficher en français : l'Office québécois de la langue française a envoyé entre 300 et 400 avis à des commerçants montréalais, leur rappelant que la loi sur l'affichage s'applique aussi aux petits autocollants qui ornent leurs devantures.

« J'ai reçu leur lettre et il a fallu que je cherche le collant dans la vitrine, raconte Toby Lyle, l'un des propriétaires du restaurant montréalais Burgundy Lion. Il est tout petit. Environ trois pouces de largeur ! » 

Aussi petit soit-il, les inspecteurs de l'Office avaient vu juste : on y indiquait que le pub montréalais était « recommended » par le célèbre site de réservations en ligne. Le constat d'infraction, explique M. Lyle, comportait l'adresse où commander la version française de l'affichette Trip Advisor, ce qui a déjà été fait par l'établissement montréalais. 

Il s'agit d'une opération d'information, explique Jean-Pierre Leblanc, porte-parole à l'Office. « Il n'y a pas eu de plainte et il n'y aura pas de suite », dit-il. 

Trip Advisor n'est pas l'unique entreprise visée par cette opération : Visa, Interac et Yelp envoient aussi les petits autocollants au Québec et parfois en anglais, alors qu'ils possèdent tous une version française de leur avis. 

Toby Lyle n'est pas du tout furieux de cette mésaventure, bien qu'il se questionne tout de même sur la pertinence de l'intervention de l'Office. « Il me semble que c'est une perte de temps et d'argent », dit-il.

D'autant que ce n'est pas la première fois qu'il reçoit une lettre de l'organisme mandaté de faire respecter les règlements sur l'affichage du français. « Au moment du pastagate, on m'avait demandé de changer le terme Fish & Chips sur mon menu », raconte Toby Lyle qui devait également remplacer les indications Gents et Ladies sur les portes des salles de bains de ses restaurants Brit & Chips.

Les petites pancartes des toilettes ont été changées, mais l'on peut toujours commander un Fish & Chips au restaurant, l'Office ayant abandonné l'idée d'imposer l'appellation « poisson et frites » aux restaurateurs d'ici... 

Ciao pasta ! 

Le pastagate auquel le restaurateur fait référence est un événement qui avait défrayé les manchettes en 2013 : le restaurant Buenanotte, du boulevard Saint-Laurent à Montréal, avait reçu un avis demandant de remplacer le mot pasta de ses menus. Cette histoire avait finalement mené à une réforme du traitement des plaintes à l'Office québécois de la langue française.