Les autochtones du Québec veulent que la future enquête nationale sur les femmes autochtones disparues et assassinées aborde la question des relations entre les premières nations et le système de justice.

C'est ce qui ressort d'une rencontre à laquelle une soixantaine de membres des communautés autochtones, dont des familles de la région de Val d'Or, participent à Montréal aujourd'hui pour exposer leurs attentes quant aux paramètres de l'enquête sur les femmes disparues et assassinées.

« On entend plusieurs histoires sur les différences de traitement entre les autochtones et les autres dans le système de justice, mais aussi dans toutes nos institutions », a expliqué la ministre fédérale des Affaires autochtones, Carolyn Bennett, en marge d'une rencontre préparatoire, la dixième tenue au Canada et la deuxième au Québec.

La ministre a fait état de la méfiance des Inuits et des membres des premières nations du Québec envers la police et les tribunaux. Elle a notamment raconté l'histoire d'une victime de crime qui s'est enlevé la vie parce que le procès de son assaillant avait été reporté.

Le chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghyslain Picard, croit lui aussi que les liens entre le système de justice et les peuples qu'il représente doivent faire partie de l'enquête, qui, espère-t-il, ne sera pas étalée sur plusieurs années.

«Les gens veulent avoir des réponses rapidement», dit-il.

Carolyn Bennett et les ministres de la Justice, Jody Wilson-Raybould, et du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, rencontrent aujourd'hui à Montréal des survivantes, proches des victimes et des représentants d'organisations autochtones dans le cadre d'une tournée canadienne de consultation sur la conception de l'enquête.

« Nous avons entendu des histoires très émotives à Montréal, comme partout ailleurs au Canada », dit Mme Wilson-Raybould. « Les femmes et les hommes qui sont ici ont beaucoup de courage. Nous sommes ici pour écouter. Nous entendons des histoires tragiques. »

Des femmes survivantes et des proches des victimes sont venus de partout au Québec, dont le Nunavik, l'Outaouais, l'Abitibi et la Mauricie.

« On a affaire à des familles qui, depuis 20 ou 30 ans, souffrent de mystères non résolus », déplore Mélanie Joly.

Jeudi, les représentantes du gouvernement fédéral étaient à Québec, où elles ont affirmé que les relations entretenues entre les corps policiers et les femmes autochtones sont « un problème systémique », et que les allégations de mauvais traitements et d'agressions sexuelles contre des policiers de Val-d'Or ne sont que la pointe de l'iceberg au Canada.

La condition des femmes autochtones est « un problème qui est systémique, qui touche le système de justice, l'administration de la justice, les corps policiers, la relation au sein des communautés, les enjeux de sexisme, de racisme », a déclaré Mélanie Joly.

Quelque 1200 femmes autochtones ont été assassinées ou portées disparues en 30 ans au Canada, selon les autorités.