Le Comité de déontologie policière a imposé une suspension de deux jours à deux policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) pour avoir négligé de rencontrer un homme qui avait signalé au 9-1-1 la disparition de sa fille. Cette jeune mère de famille, Pamela Jean, a finalement été retrouvée assassinée trois jours plus tard.

Le 1er janvier 2013, Léonard Jean n'a pas célébré le Nouvel An: il a plutôt ratissé la ville en proie à une vive angoisse à la recherche de sa fille de 27 ans. Il n'avait pas eu de ses nouvelles depuis trois jours, ce qui était tout à fait anormal. Inquiet, il a appelé le 9-1-1 à 12h53 pour signaler la disparition de sa fille Pamela. La répartitrice lui a alors dit de rester sur les lieux pour attendre les policiers.

Or, les agents Saundra Baichoo et Yannick Montambault ne sont jamais venus. Ils se sont contentés d'appeler M. Jean du poste de police, puisque la disparition de Pamela Jean avait déjà été signalée au SPVM trois jours plus tôt. Ils ont aussi omis de faire un rapport à leur sergent, comme le prévoit la procédure.

Découragé, Léonard Jean devait se rendre sur la Rive-Sud avec son autre fille pour signaler la disparition de Pamela au Service de police de Longueuil qui déclenchera immédiatement une enquête. Trois jours plus tard, Pamela Jean était retrouvée morte. Son ex-conjoint, Juan Fermin Palma, a été accusé de meurtre dans les jours suivants. Son procès doit se dérouler à la fin de 2016 ou au début de 2017.

Les agents Baichoo et Montambault, qui comptent une dizaine d'années d'expérience au sein du SPVM, ont reconnu leur faute déontologique et se sont dits «sincèrement» désolés des évènements devant le Comité de déontologie policière. Ils ont néanmoins fait valoir que Léonard Jean n'avait pas donné de nouvelles informations sur la disparition de sa fille. De plus, ils avaient pris soin de contacter Juan Fermin Palma pour vérifier les informations de M. Jean.

Inconduite

La «négligence ou l'omission» des deux agents n'était «dictée par aucun sentiment malveillant» et n'a eu «aucune conséquence» sur l'issue de l'affaire, puisque Pamela Jean était déjà morte le 1er janvier 2013, a affirmé le commissaire Pierre Gagné, dans une décision rendue publique le 14 décembre.

Leur principale «inconduite» est la suivante: ils ont contrevenu à une «directive très claire devant être appliquée dans le cas du signalement de la disparition d'une personne», en ne rencontrant pas M. Jean et en ne rédigeant aucun rapport.

«De tels agissements de la part de policiers constituent des conduites inacceptables dans une société où les citoyens sont en droit d'attendre des personnes chargées de maintenir l'ordre qu'elles fassent respecter les lois, mais aussi qu'elles veillent à la sécurité de tous. Il s'agit donc de manquements importants justifiant l'imposition d'une suspension sans traitement», peut-on lire dans la décision.

La procureure du Com-missaire demandait une suspension de 10 jours, tandis que le procureur des policiers suggérait une réprimande ou, au pire, une suspension de deux jours. Les deux policiers avaient déjà été suspendus une journée à la suite d'un processus disciplinaire interne.