Les personnes en fauteuil roulant ou qui éprouvent des problèmes de mobilité pourront enfin avoir un accès direct et adapté au Centre universitaire de santé McGill (CUSM) à partir de la station de métro Vendôme, à la fin de 2019, quatre ans et demi après l'inauguration du nouvel hôpital de 1,3 milliard.

Le ministre des Transports du Québec, Robert Poëti, a annoncé hier que Québec va financer à 100% les travaux de 76,3 millions pour la construction d'un nouveau bâtiment d'accès à la station Vendôme, juste à côté de l'édicule actuel.

Ce second édicule sera construit à même le bâtiment voisin de la station, au 5100 du boulevard De Maisonneuve, dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce, et sera doté d'ascenseurs pour permettre aux personnes handicapées d'accéder à un tunnel piétonnier qui conduira à l'hôpital universitaire.

Les terrains du CUSM et le pôle multimodal Vendôme, qui réunit la station de métro et la gare de train de banlieue du même nom, sont séparés par des voies ferrées appartenant au Canadien Pacifique. En juin dernier, un premier tunnel piétonnier, sous les voies ferrées, a été inauguré pour relier l'hôpital aux réseaux de transports en commun. Pour accéder à ce tunnel, il faut toutefois descendre un escalier escarpé qui compte une vingtaine de marches en béton, ce qui ne convient pas évidemment pour une personne en fauteuil roulant.

Aux yeux de Québec, ce premier tunnel constituait alors une «mesure transitoire» en attendant la construction d'un deuxième édicule à la station Vendôme, maintenant promis pour 2019.

Réaction douce-amère

«C'est une bonne nouvelle, mais je n'ai pas envie d'applaudir», a commenté hier Linda Gauthier, présidente du Regroupement des activistes pour l'inclusion au Québec (RAPLIQ),  groupe de défense des droits des personnes handicapées qui a fait de l'accès aux réseaux de transports en commun son principal cheval de bataille.

En avril dernier, le RAPLIQ a demandé à la Cour supérieure l'autorisation d'intenter un recours collectif pour discrimination contre la Ville de Montréal, la Société de transport de Montréal et d'autres organismes publics, en raison du manque d'accès aux réseaux de transports en commun de la métropole pour les personnes à mobilité réduite.

Seulement 9 des 68 stations du métro, incluant les trois stations construites à Laval dans les années 2000, sont actuellement dotées d'ascenseurs.

Pour Linda Gauthier, la confirmation de l'aménagement d'un accès universel au CUSM «est positive en soi», mais l'échéancier de 2019 pour sa réalisation «montre seulement que les personnes handicapées sont encore des citoyens de seconde zone, au Québec. C'est quand même un nouvel hôpital qu'on vient de construire. Ça ne me rentre pas dans la tête qu'on n'ait pas pu penser à cela avant».

Interrogé sur les raisons pour lesquelles un tel accès n'avait pas été prévu lors de la construction du CUSM, qui s'est échelonnée sur près de 10 ans, le ministre Poëti a affirmé hier qu'il ne les connaissait pas et qu'il ne pouvait rien changer au passé. Il a toutefois assuré qu'il avait promis la réalisation de ce projet dès son arrivée en poste, au printemps de 2014, et que l'annonce d'hier est l'aboutissement de plusieurs mois de travail et de négociation pour amener tous les partenaires concernés à s'entendre.