L'imam controversé Hamza Chaoui vient de lancer un appel à la générosité pour financer sa poursuite d'un demi-million de dollars contre Denis Coderre, quelques semaines après avoir condamné le terrorisme partout dans le monde - sauf à Paris, où venaient tout juste de se produire des attentats meurtriers.

Le soir même des attaques, le leader religieux a exprimé ses condoléances pour les victimes de terroristes dans neuf pays, en omettant directement les 130 personnes qui venaient d'être tuées quelques heures plus tôt en France.

«Mes sincères condoléances pour les MILLIONS de morts innocents dont les enfants, les femmes et les civils en Syrie, en Palestine, en Birmanie, en Iraq, en Afghanistan, en Tchétchénie, en Égypte, en Somalie, en Centrafrique... Je tiens aussi à condamner fermement les actes violents commis contre ces innocents par des terroristes barbares», a-t-il écrit sur Facebook vers 22h30, le soir du drame.

Puis, sept jours après les trois attaques-suicides contre le Stade de France, M. Chaoui a mis à jour et publié à nouveau un prêche condamnant le soccer et qualifiant de «mécréants» les non-musulmans.

Ce sport est problématique à ses yeux parce que les joueurs enlèvent leur maillot à la fin du match, parce qu'on y trouve «souvent la danse, le sifflement, les cris, la musique» et parce que les partisans font «alliance pour l'équipe ou le joueur en ignorant l'identité islamique, car on trouve une imitation aux mécréants», a indiqué M. Chaoui.

Par courriel, il a précisé à La Presse qu'il avait omis de citer les victimes de Paris parce qu'il «y a des millions d'innocents qui sont tués tous les jours d'une manière barbare, mais la façon comment vous [les médias] avez traité l'information et l'évènement était discriminatoire, hypocrite et hyper sélective». «Je n'avais aucune intention pour faire cette liaison [entre Stade de France et soccer], c'était juste un rappel en général sur les effets néfastes du soccer», a-t-il ajouté.

Quant au terme mécréant, ce n'est pas une insulte. Il «est dérivé du verbe mécroire, qui signifie ne pas croire», a-t-il assuré.

Conférence et collecte de fonds

L'imam - qui prêche que l'islam est «totalement» incompatible avec une démocratie qui permet aux femmes et aux gais de se faire élire - s'est retrouvé au centre d'une controverse l'hiver dernier pour un projet de centre communautaire destiné aux jeunes. Montréal avait bloqué l'ouverture du centre, Denis Coderre qualifiant M. Chaoui d'«agent de radicalisation» et de «fomenteur de tensions sociales».

Le jeune imam avait répondu par une poursuite de 500 000$ en diffamation contre le maire. «Il a aussi fait un lien entre notre client et l'État islamique ainsi que le terrorisme», a dénoncé Habib Rachidi, l'avocat de M. Chaoui. Ces propos-là sont graves.»

La semaine dernière, Hamza Chaoui a diffusé sur sa page Facebook une invitation aux «frères» à participer à une conférence visant à collecter des fonds pour «financer la bataille juridique». L'événement, au coût de 30$, se tiendra dimanche soir. Il n'a pas été possible de savoir s'il serait ouvert aux femmes.

Les deux présentations de la conférence seront prononcées par M. Chaoui lui-même. Elles porteront sur le «mariage en Islam» et sur le thème «Nul n'est plus sourd que celui qui ne veut pas entendre».