Le maire de Montréal descendra aujourd'hui 35 mètres sous terre pour constater de visu l'état de l'intercepteur sud-est, dont la fermeture entraînera le déversement de 8 milliards de litres d'eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent cette semaine.

«Je veux rassurer les gens, les choses se passent bien», a déclaré le maire Coderre en fin d'après-midi lors d'un point de presse en bordure du fleuve à Verdun.

L'intercepteur sud-est, un immense tuyau de 30 kilomètres qui dirige normalement le tiers des eaux usées de l'île vers la station d'épuration de Montréal, a été vidé dans son entièreté entre 00h01 et 14h30 hier.

Dès 7h du matin, des ouvriers ont pu atteindre le bas de la conduite pour procéder à des inspections. Ils ont accédé à l'intercepteur à six endroits différents. Hier en journée et durant la nuit, ils ont procédé à des travaux préparatoires et à des activités de nettoyage. Au total, 20 ouvriers ont travaillé dans l'intercepteur.

C'est aujourd'hui que débutera le gros du travail dans le secteur de la structure Riverside, à l'angle des rues Mill et Riverside, à l'ombre de l'autoroute Bonaventure.

Dans ce secteur, les ouvriers doivent retirer quatre systèmes de soutènement temporaires de 14 cintres qui sont dans un état de détérioration avancée. Ils menacent de se détacher dans l'intercepteur et d'endommager les convoyeurs et les pompes de la station d'épuration ou d'engendrer la formation d'embâcles dans le réseau.

Dans quel état sont les structures? Sont-elles plus détériorées que prévu?

«J'ai eu un rapport par radio et le terme qui a été utilisé, c'est que ce n'est pas joli», a indiqué le responsable des eaux usées à la Ville de Montréal, Richard Fontaine. «Il y a des difficultés; dans un secteur, ils marchent dans à peu près un pied d'eau vaseuse et visqueuse.»

Panache observé

À la demande de la ministre fédérale de l'Environnement, la Ville de Montréal doit assurer une surveillance visuelle des panaches de l'effluent au cours du déversement. «Les activités de surveillance ont permis de déceler la présence d'un faible panache dans le secteur du Vieux-Port», a indiqué la Ville dans un communiqué.

La Ville doit aussi prendre des échantillons d'eau avant, pendant et après le déversement. Le Réseau de suivi du milieu aquatique de Montréal a recueilli des échantillons à différents points sur les rives et dans le couloir du fleuve. Pour l'instant, aucun résultat n'a été rendu public.

Pendant l'assèchement de l'intercepteur, les eaux usées se vident via 24 conduites comprises entre LaSalle et Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles. Elles sont en général situées à une distance de 30 à 50 mètres des berges. Au point de déversement près de Verdun, hier, des odeurs d'égout étaient perceptibles.

«Contrairement à ce que la Ville nous avait dit, aujourd'hui, on réalise qu'il y a des odeurs», a déploré le chef de l'opposition Luc Ferrandez, qui a visité le site de l'un des points de déversement en après-midi. «Je déplore qu'au moment où le maire Coderre nous faisait miroiter son respect des conditions des experts de l'environnement, ce qu'il préparait en fait, c'est une campagne de publicité pour dire: on va de l'avant et on va de l'avant vite!»

En conférence de presse, Richard Fontaine a indiqué qu'il était normal que la couleur de l'eau près des points de déversement soit plus brunâtre que d'habitude.

«Vous allez voir une coloration plus blanchâtre qui est associée à la lessive en raison du phosphore, ce n'est pas anormal», a-t-il ajouté. «Mais il ne faut pas se fier uniquement à la question de coloration, ce qui est beaucoup plus important, ce sont les tests avant, pendant et après.»

La Ville s'est donné sept jours pour réaliser tous les travaux, mais espère les terminer plus rapidement. Pour l'instant, l'horaire a été respecté.