Des commerçants du Plateau-Mont-Royal disent ne pas être convaincus par les résultats du projet-pilote mené depuis deux mois pour permettre aux non-résidants de se garer plus facilement dans l'arrondissement. Les élus, eux, y voient plutôt un succès au-delà de leurs espérances.

Depuis le 1er septembre, le Plateau vend des vignettes journalières et mensuelles aux non-résidants. Pour 6$ par jour ou 100$ par mois, les automobilistes de l'extérieur de l'arrondissement peuvent ainsi se garer dans les espaces normalement réservés aux habitants du quartier.

«Les gens peuvent acheter des vignettes, mettre ça dans leur boîte à gants et s'ils ne trouvent pas de place gratuite, ils peuvent se garer sur la place des vignettes», a résumé le maire Luc Ferrandez, lors de la dernière réunion du conseil d'arrondissement.

Depuis deux mois, 2500 vignettes journalières ont été achetées, soit une quarantaine en moyenne par jour. «C'est vraiment une réussite», estime la conseillère Marianne Giguère, de Projet Montréal.

Seule ombre au tableau, seulement 125 vignettes mensuelles ont quant à elles trouvé preneur. «Non, ça n'a pas beaucoup levé, on doit essayer de comprendre pourquoi. Est-ce parce que les gens continuent à trouver des places gratuites ou ont trouvé d'autres solutions?», évoque Mme Giguère.

Les commerçants qui pensaient en bénéficier pour permettre à leurs clients de se garer plus facilement sont loin de partager l'enthousiasme de leurs élus. Loin d'aider, cette mesure a détérioré la situation, estiment plusieurs d'entre eux après deux mois d'expérimentation.

Heures étendues

D'abord, le Plateau a étendu de 9h à 23h les heures des vignettes dans plusieurs secteurs, réduisant encore le nombre d'espaces accessibles gratuitement. Avant, les restrictions débutaient à 17h. Ensuite, les vignettes peuvent être achetées seulement au bureau d'arrondissement. Enfin, les commerçants peuvent en théorie réutiliser une même vignette journalière pour plusieurs clients, mais cette façon de faire s'avère difficile à gérer.

«La gestion est compliquée. Je ne suis pas pour engager quelqu'un pour faire le valet au coin de la rue», dit Lorraine Payette, une comptable dont le bureau se trouve sur la rue Saint-André depuis 23 ans. La femme aurait préféré faire installer un débarcadère devant son commerce, mais elle dit que son arrondissement ne l'a jamais rappelée.