Nommé depuis trois mois à peine, le nouveau chef du SPVM, Philippe Pichet, affronte déjà sa première crise majeure. La Presse a appris de diverses sources que des cadres, peut-être même des dizaines sur les 125 que compte le corps de police, menaceraient de prendre leur retraite ou demanderaient d'être rétrogradés pour redevenir syndiqués d'ici la fin de l'année.

La raison: la Ville de Montréal leur a annoncé la semaine dernière son intention de vider leurs banques de temps accumulé et de préretraite et de payer les heures par chèque d'un seul coup ou, au mieux, en deux versements les 1er janvier 2016 et 2017.

La Ville voudrait ainsi effacer un passif de plusieurs millions qui figure dans son budget depuis des années. Ce n'est pas la première fois qu'une telle mesure est dans l'air, mais cette fois, l'administration Coderre-Marcoux, qui a annoncé la semaine dernière des surplus anticipés de 53 millions en 2015, aurait décidé d'aller de l'avant, puisqu'elle dispose des fonds nécessaires, nous a-t-on dit.

La colère gronde

Recevoir ainsi d'un coup une importante somme d'argent imposable ne ferait pas l'affaire des cadres policiers, qui cumulent de 26 à 30 ans de service, et qui avaient planifié autrement leur préretraite et leur retraite, selon un plan fiscal échelonné.

«Pour les cadres, il s'agit d'une décision arbitraire de leur employeur qu'ils prennent comme un affront, alors qu'on leur demandait auparavant d'accumuler leur temps plutôt que d'être payés. Leur sentiment est qu'ils ne sont pas respectés.»

«Depuis la semaine dernière, c'est le seul sujet de conversation des cadres et l'atmosphère est nulle. L'Association professionnelle des officiers de direction (APOD), qui représente les cadres, est très sollicitée et il y a même eu des rencontres en fin de semaine. Il y a des calculettes qui se font aller», nous a confié une source.

Demain après-midi, dans une salle de réception de l'est de Montréal, se déroulera la première rencontre entre le chef Pichet et ses cadres. Les discussions promettent d'être animées. «Le sujet s'imposera sûrement comme le premier point à l'ordre du jour, même si ce n'est pas nécessairement ce qui est prévu. La marge de manoeuvre du chef est de zéro», nous a-t-on dit.

Selon certaines informations, le directeur aurait accepté cette demande de la Ville lorsqu'il a été nommé, vraisemblablement dans le but de donner l'exemple, mais visiblement, le geste ne semble pas vouloir faire boule de neige.

On ignore la somme totale que représentent tous les heures et jours accumulés dans les banques, mais dans les cas extrêmes, cela pourrait atteindre un demi-million et signifier une préretraite échelonnée sur plus de trois ans.

Selon nos sources, la Ville, à qui appartiennent ces banques de temps et qui en a la gérance, n'aurait pas l'intention de reculer et voudrait imposer cette mesure aux cadres du SPVM et ses cols blancs, l'exercice financier se terminant le 31 décembre.

La Ville souhaiterait également que le SPVM cesse de fournir des véhicules à ses cadres.