Jusqu'où va l'autonomie des 19 arrondissements de Montréal? Après la réforme du financement et l'uniformisation des services des administrations locales héritées des fusions, voilà que l'administration Coderre demande de pouvoir congédier un directeur d'arrondissement sans l'accord des élus locaux.

Ce soir, les élus du conseil municipal seront appelés à se prononcer sur une résolution afin de déclarer la ville centre compétente à suspendre ou destituer un directeur d'arrondissement, soit le plus haut fonctionnaire dans les 19 administrations locales.

Cette demande survient alors que la Ville de Montréal se trouve en conflit ouvert avec son plus petit arrondissement, L'Île-Bizard-Sainte-Geneviève. Après une enquête du contrôleur général sur des allégations de harcèlement envers des employés, l'administration Coderre a décidé de congédier le 26 août dernier Nancy Bergeron, qui dirigeait par intérim ce secteur de la ville.

Contestation

Le maire de l'arrondissement, Normand Marinacci, conteste cette décision, jugeant peu crédible le rapport du contrôleur. Il affirme qu'il a fait mener sa propre enquête et que celle-ci n'a rien découvert qui justifierait un congédiement.

L'Île-Bizard a décidé d'appuyer sa directrice, qui conteste son congédiement devant la Commission des relations de travail (CRT), en lui payant un avocat. «Elle est toujours notre directrice. Je ne l'ai pas congédiée. J'ai fait enquête comme un maire responsable doit le faire et, comme elle a été exonérée, pour moi, elle est toujours mon employée», dit Normand Marinacci.

Lutte de pouvoir

Le maire d'arrondissement a même décidé d'aller plus loin en mandatant un avocat pour représenter L'Île-Bizard devant la CRT afin de contester le pouvoir de Montréal de congédier sa directrice. «Qui est l'employé le plus important dans un arrondissement? C'est le directeur. Alors je veux pouvoir le choisir et je veux décider si une mesure disciplinaire doit être prise», plaide Normand Marinacci.

La commissaire qui entend la cause a accepté que L'Île-Bizard prenne part au litige dont les audiences reprennent mercredi; il estime qu'«une sérieuse question se pose quant à savoir si ce n'est pas l'arrondissement plutôt que la Ville qui détient le pouvoir de la congédier [et donc] que sa présence est nécessaire pour permettre une solution complète du litige».